Encadrement
Qui encadre dans le privé ou le public ?
Encadrer : une tâche peu féminisée qui n’est pas réservée aux cadres
En septembre 2022, l’INSEE a publié une note INSEE PREMIERE n°1920 (Hayet Bendekkiche, Thierry Mainaud) : Encadrer : une tâche peu féminisée qui n’est pas réservée aux cadres - Insee Première - 1920
Cette note vient éclairer utilement la situation des personnes exerçant des fonctions d’encadrement. Qui encadre ? selon quelles modalités de gestion du temps ? avec quelles temporalités ? Elle illustre aussi une fonction professionnelle (l’encadrement d’un collectif de travailleurs) qui se « joue » des barrières cadres/non cadres (voir la revue Cadres n°495 "Rémunérer le travail").
Cette meilleure connaissance peut permettre aux acteurs syndicaux :
- de mieux positionner le revendicatif relatif aux fonctions d’encadrement,
- de mieux porter le revendicatif dans les négociations d’entreprises et d’administrations que dans les négociations de branches,
- de faire vivre des collectifs CFDT d’encadrants inter catégoriels,
- de développer le service aux adhérents CFDT.
La CFDT Cadres et d’autres structures fédératives CFDT s’y emploient.
Extraits de la note INSEE
En 2021, 13 % des salariés ont pour tâche principale de superviser le travail d’autres salariés. Les cadres et professions intermédiaires en constituent la majorité (50 % et 33 %), mais 16 % sont ouvriers ou employés.
Près de deux tiers des encadrants sont des hommes. Y compris à groupe socioprofessionnel donné, les hommes encadrent plus souvent que les femmes. La fonction d’encadrant est plus fréquente chez les quadragénaires ; elle est aussi davantage répandue dans le secteur privé que dans la fonction publique. La part d’encadrants est la plus élevée dans la construction et l’industrie.
Encadrer va de pair avec une charge horaire plus importante et des horaires plus flexibles. En moyenne en 2021, 35 % des encadrants ont travaillé le soir au moins une fois sur une période de quatre semaines, contre 22 % des salariés sans tâche d’encadrement.
Trois groupes d'encadrants se dessinent : les cadres du privé, au volume horaire important, les encadrants intermédiaires du privé, souvent aux 35 heures, et les encadrants du secteur public, avec plus de femmes et de temps partiels, mais aussi d’horaires atypiques.
- Les cadres du privé ont les horaires les plus chargés
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Le groupe des cadres du privé représente 42 % des encadrants.
Il s’agit en majorité d’hommes (66 %), très souvent diplômés du supérieur (68 % de niveau supérieur à bac+2), avec une surreprésentation des trentenaires (30 %).
Leurs horaires sont particulièrement chargés : 54 % travaillent habituellement 45 heures ou plus par semaine. Ils sont généralement au forfait jours (62 %) et 23 % de ceux qui ne le sont pas effectuent des heures supplémentaires une semaine donnée.
Ils travaillent souvent le soir (40 %), plus rarement le week-end (35 % le samedi, 18 % le dimanche) et souvent à domicile (66 %), notamment en télétravail (55 %)
- Les encadrants intermédiaires du privé dépassent moins souvent la durée légale du travail
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Le deuxième groupe correspond aux encadrants intermédiaires du privé et représente 34 % des encadrants.
Il est composé de 58 % de professions intermédiaires et de 25 % d’ouvriers et employés qualifiés.
Il s’agit très majoritairement d’hommes (70 %), relativement peu diplômés (48 % de niveau inférieur au baccalauréat).
Les moins de 30 ans et les immigrés accèdent plus souvent à ce groupe d’encadrants qu’aux deux autres. Ils y représentent respectivement 12 % et 11 % des effectifs.
Ces encadrants intermédiaires du privé travaillent principalement dans le commerce, le transport, l'hébergement- restauration (38 %), l’industrie (23 %) et la construction (16 %).
7 % d’entre eux sont à temps partiel et 42 % travaillent habituellement 35 heures ou moins lors d’une semaine sans congé ni jour férié, contre 23 % de l’ensemble des encadrants. Le forfait jours (15 %) ou les heures supplémentaires (18 %) sont plus rares que pour la moyenne des encadrants, de même que les horaires atypiques, avec en particulier peu de travail le soir (24 %).
Le travail à domicile est également peu fréquent (15 %), notamment en télétravail (10 %).
- Les encadrants du secteur public : davantage de femmes, de temps partiels et d’horaires atypiques
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Le troisième groupe rassemble les encadrants du secteur public, représentant 22 % des encadrants.
Il s’agit de cadres (47 %) et de professions intermédiaires (36 %), employés par l’État (41 %), les collectivités territoriales (31 %) ou les hôpitaux publics (12 %). Ils travaillent essentiellement dans l’administration publique (51 %), l’enseignement (17 %) ou la santé et l’action sociale (24 %).
Les encadrants du secteur public sont plus diplômés que la moyenne des encadrants (89 % ont au moins le baccalauréat), ils sont aussi plus âgés (45 % ont 50 ans ou plus) et les femmes y sont majoritaires (54 %).
Les personnes en contrat à durée déterminée sont surreprésentées parmi eux (8 %), les statuts de la fonction publique autorisant des contrats de plus longue durée que dans le privé.
Les temps partiels sont plus fréquents que chez les autres encadrants (10 %) et les forfaits jours le sont moins (25 %).
Néanmoins, une semaine donnée, 35 % de ceux qui ne sont pas au forfait font des heures supplémentaires, contre 24 % de l’ensemble des encadrants. Au total, 29 % travaillent habituellement 45 heures ou plus.
Du fait de la nécessité d’assurer une continuité de certains services publics, ces encadrants sont les plus soumis aux horaires atypiques : en moyenne en 2021, 43 % ont travaillé au moins une fois le soir sur une période de quatre semaines, 45 % au moins un samedi et 31 % au moins un dimanche. De même, 49 % ont travaillé à domicile, principalement dans l’enseignement (67 %), et 33 % ont télétravaillé.
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Revue Cadres « Les enjeux du passage cadre »
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