Quand l’égalité professionnelle relance le débat sur le temps de travail
Selon le CAS, l’égalité progresse quand la conciliation des temps devient stratégique.
Faut-il lier égalité professionnelle et articulation travail/hors travail ? Si la conciliation des temps de vie ne devrait pas avoir pas de genre, on ne peut nier qu’elle concerne avant tout les salariées et que l’évolution de la société (privée) modifie la donne professionnelle (publique). Le Conseil d’analyse stratégique préconise de repenser les aménagements d’horaires bien au-delà des temps partiels pour répondre aux évolutions sociétales.
‘’L’égalité réelle au travail progresse quand la conciliation des temps de vie devient stratégique pour l’entreprise’’. Pourquoi ? D’abord pour faire face aux mutations parentales. Le modèle de l’homme qui nourrit la famille a vécu. Une majorité de couples a deux emplois. En France, 40% des couples avec un enfant de moins de 14 ans travaillent à temps plein. Dans les autres pays européens, les mères sont plutôt à temps partiel. Le Conseil d'analyse stratégique recommande ainsi d’anticiper la montée en charge des couples à double carrière liée également à la montée du niveau de qualification et à la féminisation des cadres. Autre facteur bouleversant la question de l’égalité professionnelle : les familles monoparentales, qui pourraient concerner plus d’un enfant sur cinq à l’horizon 2030. Ce d’autant plus que le ‘’temps parental’’ ne cesserait de croître et que les ‘’nouveaux pères’’ redessinent la parentalité. Finalement, l’aspiration à une meilleure articulation entre travail et famille se développe à mesure qu’elle constitue un enjeu masculin.
La question évolue également sous l’effet des désynchronisations croissantes dans l’organisation du travail. Deux salariés sur trois travaillent aujourd’hui en horaires atypique : travail posté, travail de nuit, travail le week-end ou en journée allongée, les cadres travaillant quant à eux au-delà des horaires standards. Et à cela il faut ajouter les déplacements avec le travail nomade.
Il ne s’agit plus seulement d’aménager les horaires mais bien d’innover en matière de management : l’organisation dite ‘’apprenante’’, par exemple, ouvre un potentiel important. Le CAS relève des expériences innovantes telle que le partage des postes, la planification des horaires variables, la polyactivité, l’utilisation des outils technologiques en réseau ou le télétravail… A l’heure de l’énième pugilat contre la réforme des 35 heures, le débat sur l’aménagement du temps de travail va t-il retrouver sa noblesse ? L’enjeu en la matière est la négociation au plus près des salariés pour contenir le gré à gré. Mais qui se souvient que la réduction de la durée légale était un prétexte à imaginer entreprise par entreprise de nouvelles formes d’aménagement et d’organisation de l’activité ?... La CFDT, en ce sens, s’était sentie un peu seule à jouer pleinement le jeu. Idem pour la CFDT Cadres, lorsqu’elle créa seule contre tous le forfait jours des cadres, aujourd’hui dévoyé. Qu’importe. Le fait qu’un think tank public proche du gouvernement s’intéresse – sous couvert d’exemples étrangers - à l’organisation du travail est en soi un facteur de progrès.
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