La révolution numérique : un changement de paradigme dans le monde du travail
Loin de se résumer à l’usage d’outils, la révolution numérique marque l’arrivée de méthodes de conception, de production et de collaboration, qui sont aussi des méthodes de pensée, de travail et d’organisation sur lesquelles il faut se pencher.
Le numérique améliore l’efficacité mais peut conduire à une surcharge informationnelle et communicationnelle. Il modifie les conditions d’exercice des activités de tous les métiers. Il nécessite de développer ou d’acquérir de nouvelles compétences et d’appréhender l’apparition de nouveaux métiers. L’environnement de travail est en bouleversement à grande vitesse. Ce qui pose la délicate question de la mesure et du suivi de la charge de travail. Le numérique questionne le management de l’activité, permet de reconstruire de nouveaux collectifs, de rompre avec la culture du contrôle. Ces formes participatives sont souvent virtuelles, ce qui demande de concevoir de nouveaux espaces de travail plus ouverts, plus conviviaux, favorisant l’échange et la coopération plus que l’appropriation individuelle d’un espace défini ou l’anonymat des open spaces.
Pour mettre la transformation numérique au service de la qualité de vie au travail, il s’agit notamment de compléter le droit à la déconnexion par un devoir de déconnexion. L’entreprise doit développer une vraie réflexion dans le cadre de la négociation collective sur la charge de travail.
Le dialogue social et la construction d’accords (au-delà des chartes) doivent clarifier le rôle de l’entreprise. Savoir se déconnecter est une compétence qui se construit aussi à un niveau individuel mais qui a besoin d’être soutenue par l’entreprise. Cela passe par le développement de dispositifs de régulation interne des usages des outils numériques associant les utilisateurs sur le contenu, la finalité et les règles d’utilisation de ces outils, ainsi que la mise en oeuvre des projets. Par ailleurs, le temps est venu d’encadrer et de diffuser les bonnes pratiques d’organisation du travail à distance et du nomadisme. Le télétravail a ses conditions.
Au-delà, la CFDT Cadres soutient les initiatives de tiers lieux créés pour accueillir les nouvelles formes de travail. Ceux-ci concernent autant les professionnels autonomes et de petites entreprises que les cadres des grandes entreprises en déplacement. Enfin, il est aujourd’hui reconnu que la durée du travail n’est aujourd’hui plus un outil suffisant pour appréhender la contribution de tous les salariés, notamment pour l’économie de la connaissance. Il faut la compléter par l’évaluation de la charge de travail, des résultats attendus et des moyens associés. Cette évaluation doit être collective. Managers, responsables RH, représentants des salariés, tous sont concernés.