Numérique et télétravail

Pour la CFDT Cadres, il est impératif de négocier l’introduction de l'IA

13 fév 2025

Lundi 10 février, en présence de la ministre du travail et de l'emploi Astrid Panosyan-Bouvet, la CFDT Cadres, représentée par Franca Salis-Madinier, participait au CESE à une conférence sur l'intelligence artificielle.


Pour la CFDT Cadres, il est impératif de négocier l’introduction de l'IA

Organisée par Franca Salis-Madinier, rapportrice de l’avis du CESE européen intitulé Une intelligence artificielle au service des travailleurs, la CFDT Cadres a participé le 10 février dernier à une conférence ayant pour thème « L’IA dans le monde du travail : impact sur les conditions de travail et les emplois » au Conseil économique et social et environnemental, en présence de la ministre du travail et de l'emploi de la France Astrid Panosyan-Bouvet. À quelques pas de là avait démarré, ce jour-là, au Grand Palais, le sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle, avec une quarantaine de chefs d’Etats. La CFDT Cadres, représentée par Franca Salis-Madinier, y a également participé pour faire état de sa vision des atouts et faiblesses de l’IA, du dialogue social et des enjeux environnementaux de l’intelligence artificielle. Lors d’un atelier de 45 minutes au Grand Palais, avec la conseillère spéciale du président de la République et de nombreux chefs d’entreprise, elle a souligné que l’avenir de l’IA n’était pas déjà tracé, que nous devions le co-construire à travers le dialogue social. Elle a fait le constat que les lois actuelles n'étaient parfois pas tout à fait adaptées aux situations qui vont naitre et que nous serions obligés d’adapter des orientations explicites concernant l’IA dans certaines lois. Au conseil économique, social et environnemental, elle a réitéré ces propos sous une autre forme en rappelant que les effets et les impacts de l’IA n'étaient pas prédéfinis et que nous pouvions toujours les façonner. Franca Salis-Madinier, secrétaire national CFDT Cadres, a fait le constat que nous sommes dans un moment d'affaissement des syndicats dans le monde et en Europe, et que le dialogue social ne produit pas autant d’accords signés à date que nous le souhaiterions. Dans cette période pas très facile, avec des continents qui jouent contre l’Europe pour l’intérêt de leurs propres entreprises, elle a estimé qu' "il y a une régulation intelligente à mener".

 

Une régulation intelligente à mener

Elle a rappelé que dans son avis au CESE, datant de novembre 2024, intitulé Une intelligence artificielle au service des travailleurs, la ligne principale était que « l’humain » doit "toujours rester aux commandes ». Elle a affirmé qu’il y avait de nombreuses opportunités pour l’IA concernant le recrutement des candidats, la réduction des gaps salariaux, la gestion des performances, par exemple. Mais elle a aussi souligné que l’IA n’était pas sans risques. Des systèmes qui permettent une prise de décision automatisée, peuvent influer sur les environnements de travail et les conditions de travail. Les travailleurs peuvent se trouver confrontés à la surveillance abusive, à la discrimination, à la perte d’autonomie, et aux risques psycho-sociaux. Les inégalités peuvent exploser entre hommes et femmes, seniors et jeunes, entre diplômés et sans diplôme. Elle en a conclu là aussi que le dialogue social permettait de co-construire les usages, les finalités que nous voulions et que celui-ci était nécessaire pour minimiser les risques.  En quelques traits, elle a rappelé qu'Amazon France Logistique avait été condamné à 32 millions d’euros d’amende par la CNIL pour « surveillance des salariés » et « pour avoir mis en place un système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif », par le biais des scanners qu’utilisent les employés des entrepôts pour traiter les colis. Elle a souligné que fin 2024, la CNIL avait sanctionné une société d’une amende de 40 000 euros en raison d’une surveillance disproportionnée de l’activité de ses salariés, à travers un logiciel paramétré pour comptabiliser des périodes « d’inactivité » supposée et pour effectuer des captures d’écran régulières de leurs ordinateurs. Les salariés étant filmés en permanence. Rien qu’en 2024, la CNIL a pris 87 sanctions, décidé 55.212.400 euros d’amendes cumulées, publié 180 mises en demeure et réalisé 64 rappels aux obligations légales sur le sujet de la surveillance. « La question des données personnelles, du consentement des travailleurs est essentielle » a martelé Franca Salis-Madinier. « Aux Etats-Unis, des données collectives ont été prélevées pour prévenir la création d’organisations collectives. ». L’autonomie peut être réduite si l’humain n’est plus dans la boucle. Il faut donner une explication humaine à une décision prise par la machine » a-t-elle conclu, en affirmant qu’il y avait de nouveaux droits à inventer. 

 

+ d'infos

Une intelligence artificielle au service des travailleurs: leviers pour exploiter le potentiel et atténuer les risques de l’IA dans le cadre des politiques de l’emploi et du marché du travail (eesc.europa.eu)

L'humain aux commandes, une exigence CFDT (cadrescfdt.fr)

 

Illustration : CFDT Cadres