Égalité et discriminations

Confinées... mais pas délivrées (au contraire)

25 juin 2020

La CFDT Cadres constate que les situations de télétravail imposé ont accru la répartition inégalitaire des tâches domestiques et éducatives.


par Patricia Blancard, Secrétaire nationale CFDT Cadres

La CFDT Cadres estime que le communiqué de la secrétaire d’état à l’égalité "Pour une reprise de l’activité avec les femmes et les hommes" est intéressant. En effet, si la crise sanitaire lié au Covid-19 et ses conséquences en termes de confinement a été une épreuve pour tous, elle a objectivement plutôt accentué les inégalités de genre :

  • Les femmes, majoritaires dans les métiers du « care » ont été en première ou seconde ligne lors de cette crise : infirmières, aides-soignantes, caissières, garde d’enfants, personnel de ménage… Ces métiers doivent d’ailleurs voir leurs compétences reconnues et être revalorisées. Comme le montre le sondage Harris Interactive commandée par le Gouvernement, on voit donc qu’elles ont eu moins la possibilité d’être en télétravail.
 

L’impact du confinement sur les inégalités femmes/hommes (Harris Interactive)

Enquête réalisée en ligne les 8 & 9 avril 2020 – méthode des quotas avec redressement (Sexe, âge, CSP, Région et taille d’agglo) auprès d’un échantillon de 1025 personnes (+18 ans).

Pour les cadres qui ont pu très majoritairement poursuivre leur activité, qu’ils soient femmes ou hommes – comme ils restent majoritairement une responsabilité masculine –, on retrouve sans surprise 34% des hommes en télétravail contre 28% chez les femmes :

  • L’étude Harris Interactive montre que la répartition inégalitaire des tâches domestiques et éducatives s’est renforcée même si les hommes n’en ont pas toujours conscience.
  • Les femmes ont continué d’assumer l’essentiel des tâches ménagères et éducatives, le confinement a induit une inégalité de fait – entre les femmes et les hommes devant le télétravail : soit certaines télétravaillent et rognent sur leur temps personnel ou de sommeil ; soit certaines ont moins de temps pour bien faire leur travail et voient un risque sur leur trajectoire professionnelle.

[..] La situation du confinement a été souvent synonyme de télétravail contraint et en situation dégradée. Cela ne doit pas [..]  conduire [..] à considérer que les Hommes auraient mieux réussi ou se sont mieux investis que leurs collègues féminins. L’engagement de tous, je dirais même de Toutes, doit être reconnu"


Pour la CFDT, la situation du confinement a été souvent synonyme de télétravail contraint et en situation dégradée. Cela ne doit pas, par une analyse trop sommaire, conduire à refuser le télétravail mais à l’encadrer. Cela ne doit pas non plus conduire également à considérer que les Hommes auraient mieux réussi ou se sont mieux investis que leurs collègues féminins. L’engagement de tous, je dirais même de Toutes, doit être reconnu.

Les managers doivent se saisir de la situation nouvelle pour adapter l’organisation du travail avec plus de souplesse dans les horaires et du télétravail négocié ; en refusant des horaires de réunions démarrant avant 9 h ou finissant après 17h30 ; et en s’appuyant ou demandant un accord collectif sur le sujet !

Pour les entreprises sans accord :

  • Négocier l’égalité femmes/hommes et la parité si besoin, au sein de l’entreprise dont l’accès des femmes aux postes à responsabilités.
  • Augmenter la durée du congé de paternité/parentalité, impliquer l’ensemble des dirigeants de l’entreprise, c’est le meilleur moyen d’aller vers l’égalité professionnelle.

L’Accord national interprofessionnel Cadres du 28 février 2020 rappelle utilement la nécessité d’une négociation QVT tous les 3 ans pour innover dans les organisations !

 

 

+ d'infos

L’impact du confinement sur les inégalités femmes/hommes (Harris Interactive)

Pour une reprise de l’activité avec les femmes et les hommes : 15 bonnes pratiques (Secrétariat d'Etat chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes)

La CFDT s’engage pour une vision moderne de l’encadrement (cadrescfdt.fr)