Une entreprise sur deux n’engage aucune pratique RSE
Accidents du travail, recyclage de déchets… Elles se limitent aux quelques obligations légales.
RSE : une contribution volontaire des entreprises aux enjeux du développement durable : l’environnemental (ressources, pollution…), le social (conditions de travail, discriminations…) et le sociétal (clients, fournisseurs, société…). L’Insee a étudié les pratiques des entreprises de plus de 50 salariés par questionnaire. Il s’agit donc de ce que déclarent les entreprises. Le résultat est consternant : seules deux tiers ont entendu parler de responsabilité sociétale et la moitié se disent impliquées dans une démarche. Ceci n'empêche pas, relève l’Insee, qu'elles mettent parfois en œuvre certaines actions relevant de la RSE. Plus les sociétés sont grandes, plus elles sont impliquées : 84 % des unités employant 500 salariés ou plus ont le sentiment de mener des actions, contre 23% pour les petites PME.
Le commerce et l'industrie manufacturière hors agroalimentaire sont les secteurs les moins impliqués. Les secteurs de l'énergie, de l'environnement et de l'industrie agroalimentaire le sont beaucoup plus. Pour la CFDT Cadres, cette inégalité sectorielle est très problématique.
Au-delà de leur perception de la RSE, que font-elles concrètement ?
- 79% ont un plan de prévention de risques professionnels (accidents du travail…),
- 73% font de la prévention ou du recyclage de déchets,
- 54% mettent en œuvre un plan lié à l’emploi des séniors,
- 47% ont une politique spécifique sur les handicaps,
- 46% pratiquent un management environnemental (bilan écologique, sensibilisations…),
- 45% ont un plan de prévention de risques psychosociaux.
Certaines pratiques sont minoritaires : moins d’une entreprise sur cinq gère ses achats ou ses choix de fournisseurs selon les critères RSE et seulement une sur dix entend tenir compte de la biodiversité. C’est ainsi le social qui est le domaine concentrant le plus les initiatives des entreprises. L’ancienneté des problématiques et l’ampleur des obligations légales ou réglementaires expliquent cette situation. Quand le dialogue social parle insertion des jeunes, lutte contre les discriminations, amélioration des conditions d’emploi, campagnes d’information, etc., c’est la RSE qui avance.
Dans le domaine environnemental, les différences entre sociétés impliquées dans la RSE et les autres sont plus marquées. Ces démarches s'appuient sur un plan d'amélioration de l'efficacité énergétique dans les deux tiers des sociétés qui s'y engagent, et par un suivi dans le temps des émissions de gaz à effet de serre pour 52 % d'entre elles. Au total, près de la moitié des sociétés (les deux tiers dans le secteur des transports et de l'entreposage) sont impliquées dans une démarche d'efficacité énergétique, bien qu'elles ne soient qu'un peu moins d'un quart à considérer que le principal impact environnemental de leur activité porte sur le changement climatique. Enfin l'aspect sociétal concerne la relation de l'entreprise avec ses fournisseurs et ses clients. Mais les engagements sont loin d'être toujours évalués (source : Insee, La responsabilité sociétale des entreprises, novembre 2012).
Les indicateurs revendiqués par la CFDT Cadres sont donc pertinents pour développer les pratiques RSE. Un véritable questionnement des politiques RH, des rémunérations des dirigeants, de la performance globale, etc. Si la liste est longue, l’enjeu est avant tout d’associer les partenaires sociaux à la création et à l’évaluation des critères. La RSE doit devenir un objet de négociation. Une exigence pour les entreprises, mais également pour les syndicats.
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