Stress au travail : accompagner les équipes

La situation du cadre de 2025 interroge notre secrétaire national Laurent Tertrais dans ses rencontres avec le public manager et militant CFDT.
Stress au travail : accompagner les équipes
par Laurent TERTRAIS, secrétaire national CFDT Cadres
D’une intervention à l’hôpital de Strasbourg à un débat avec des cadres Agri-Agro dans le Nord, d’un afterwork à Brest en passant par une formation sur la charge de travail avec l’union interprofessionnelle du Rhône, je rencontre une même demande syndicale : comment agir alors qu’un cadre sur deux est débordé et fatigué, voire, pour une partie d’entre eux, proches d’une situation pathogène ?
Les managers et les militants rencontrés se préoccupent de leur responsabilité pour leurs équipes, mais également pour eux-mêmes, dans cette vaste zone grise entre le tout-va-bien et l’arrêt de travail ; en somme, de faire face à un risque invisible. Face à un bruit dépassant les 80 décibels, à un agent biologique ou un produit chimique dangereux, on discerne à peu près le périmètre d’action. Mais devant la fatigue et le mal-être, comment fait-on et à quoi faut-il s’atteler ?
Il faut aider les équipes à se situer : dresser une cartographie des acteurs dans laquelle elles évoluent : représentants et élus spécialistes de santé et des risques psycho-sociaux (RPS), mandatés de la Sécurité sociale, préventeurs, médecins du travail, etc. Le deuxième point est un état des lieux sur le dialogue social et la négociation collective : où en est leur possibilité d’action en matière de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), à défaut d’avoir une obligation de négocier la prévention, la barre est haute en matière de responsabilité pour les employeurs. Puis il s’agit de donner des clés de lecture, des outils qui font repère :
- Comment lire les statistiques publiques sur les conditions de travail et les RPS (elles datent et on attend avec impatience les résultats des enquêtes en cours), comment travailler avec la fameuse grille Gollac, sachant que, 15 ans après son établissement, c’est un outil devenu incontournable et qui faut consensus,
- Comment recueillir la plainte des travailleurs, comment identifier ce qui étouffe précisément cette plainte (silence organisationnel, dispositifs qui dévient vers la responsabilité individuelle, baromètres sociaux avantageux pour l’employeur, etc.),
- Comment analyser la charge de travail (ce qui fait ressource et contrainte parmi les nombreux facteurs déterminants : activité, condition de l’activité, marges de manœuvre, identité professionnelle, participation, place de la vie personnelle, etc.), quelles sont les causes de la pression temporelle ?
On ne distingue plus la charge mentale et la charge physique : le corps est engagé dans son entier, quelle que soit l’activité. Il n’y a pas de tâche sans activité mentale ; il y a en revanche des tâches où l’activité physique est faible. Problème : comme la plupart d’entre-nous ne fabriquent pas d’objet matériel, le travail ne s’arrête jamais au livrable ou presque, c’est donc la fatigue et ses signes (troubles du sommeil…) qui semblent tracer le résultat du travail.
Aussi, les discussions glissent-elles sur la qualité de la mise en débat de l’activité, et là, il y a de la marge militante et managériale : état effectif du droit d’expression, formulation du dialogue professionnel, qualité de la parole sur le travail (et pas seulement au travail ou dans le travail), etc. Ici les acteurs, cadres ou non, peu importe, retrouvent de la marge d’action, car ils se rassemblent dans la conviction que l’écoute du travail est leur première matière syndicale. Derrière une plainte de stress et mal-être qui impressionne, se doter d’outils et de méthode pour manager syndicalement la charge de travail.
+ d'infos
La surcharge mentale (larevuecadres.fr)
Face aux risques d'origine psychosociale du travail (larevuecadres.fr)