La croissance au-delà du coût du travail
A l'heure où se négocient des accords compétitivité-emploi, la complexité de cette question est manifeste.
Pour la CFDT, il faut engager un vrai débat de fond, dans un temps long, sur la compétitivité de notre système productif. La compétitivité ne se réduit pas à une question de coût du travail. Cela ne recouvre pas que la politique industrielle, mais aussi l'investissement et la recherche. Les choix d’investissement, l’innovation, la qualité du service, des coopérations, la gouvernance et la taille des entreprises sont des paramètres essentiels pour la croissance et les entreprises. Dans l'édition 2012 de sa publication "Emploi et salaires", l'Insee remet en cause un certain nombre d'idées reçues sur le coût du travail en France. Les comparaisons de coût horaire moyen entre la France et l’Allemagne ont conduit à toutes sortes d’affirmations contradictoires mais surtout à beaucoup de propos teintés d’idéologie. Le secteur automobile est cité comme contre exemple : « l’Allemagne détient dans l’industrie automobile, le coût horaire le plus élevé d’Europe, supérieur de 29% à celui de la France, alors même que le secteur automobile a contribué dans une large mesure aux bons résultats allemands et à la dégradation du solde commercial de la France ».
A l'heure où se négocient dans les entreprises des accords compétitivité-emploi, la complexité de cette question est donc évidente. Les arbitrages entre temps de travail, salaires et emploi doivent se construire dans la durée et sur la base de réformes structurelles. C’est alors la question de la gouvernance des entreprises qui est posée. Celle-ci doit s’appuyer sur un dialogue social de qualité qui permette aux élus du personnel d’apprécier la sincérité des informations données sur la situation des entreprises, sur leurs stratégies, de vérifier que les efforts consentis seront équitablement répartis. Le questionnement des processus de construction de la valeur ajoutée, mais surtout de sa redistribution de celle-ci, pourrait apparaître dans les négociations. Le rôle des cadres apparait ici essentiel dans le décryptage des informations, des stratégies annoncées et leur place dans les sections syndicales amenées à de telles négociations d’accords. Il peut être conforté et renforcé.
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