La faible compétitivité française
Elever le débat au-delà des questions du coût du travail et des finances publiques
Comment parler emploi sans parler croissance et compétitivité. En se focalisant sur les 35h et son impact sur le coût du travail et les finances publiques, le gouvernement évite de parler du fond du débat qu’est la compétitivité de la France et des politiques économiques et industrielles menées depuis des décennies. Ce débat dépasse la question du coût du travail même si elle l’inclue. Or pour analyser la compétitivité de la France, il faut repartir des constats :
1er constat. Le partage de la valeur ajoutée au bénéfice des actionnaires a été un frein dans l’investissement, la recherche et le développement qui pénalise aujourd’hui les entreprises françaises. Une vision court-termiste. Dans le même temps, la répartition de la masse salariale s’est faite aux détriments d’une grande partie des salariés.
2ème constat : L’absence de cohérence et de cohésion dans la spécialisation des filières industrielles. Un sujet qui nous distingue de nos voisins allemands où la filière est un tout, de la grande entreprise aux différents sous-traitants ; elle est soutenue par une politique publique et animée par la responsabilité des entreprises donneuses d’ordre à l’égard de leurs sous-traitants.
3ème constat : La mauvaise performance de notre système éducatif, la baisse de l’investissement dans la formation. La France consacrait à la formation 7,5 % de son PIB en 95, 6,9% aujourd’hui, parallèlement l’Allemagne augmentait progressivement cet investissement à 8,4% aujourd’hui pour atteindre 10% en 2015. De ce double phénomène, il ressort un retard important de qualification des salariés français.
4ème constat : une mauvaise répartition entre solidarité nationale et cotisations sociales qui pose la question de la refonte de la fiscalité.
Tout conduit malheureusement aujourd’hui à tirer la France vers le bas. Nous sommes loin, très loin du seul coût du travail ! Sur cette question de compétitivité comme sur d’autres, la France ne pourra trouver de solutions, seule. Le niveau européen est là aussi le plus pertinent, ce qui nécessite une véritable coordination des politiques fiscales et sociales assortie d’un budget européen à la hauteur capable de donner une réelle impulsion à ce niveau. Tout cela conditionne largement l’emploi et celui des jeunes en particulier, une priorité de l’agenda social.