L'IA et les cadres : le travail de demain en débats
Par la voix de Franca Salis-Madinier, la CFDT Cadres a pris part à une table ronde organisée dans les locaux d'Orange.
Le travail de demain et le rôle de l'humain face à l'intelligence artificielle soulèvent de nombreuses interrogations. Ces dernières ont été débattues à l'occasion de la table ronde du mardi 1er octobre organisée au siège d'Orange, groupe au cœur de ces mutations, et ce, à quelques semaine des élections professionnelles pour la mise en place du CSE. Pour répondre à ces problématiques, la réflexion s'est axée sur les leviers à la disposition d'Orange pour réussir sa transformation, les impacts sur les salariés et les conditions de travail, et le rôle de la CFDT.
Secrétaire nationale de la CFDT Cadres et représentante de la CFDT au sein du Comité économique et social européen, Franca Salis-Madinier a mis l'accent sur les revendications CFDT ayant trait à l'IA lors de cette table ronde.
L'intelligence artificielle, un sujet européen
Les propositions apportées par la CFDT au travers de la négociation européenne sur le numérique dans le cadre du dialogue social avec Business Europe et la Confédération européenne des syndicats - et ses nombreux avis en tant que rapporteure du CESE sur la gestion des transitions dans un monde de travail numérisé et l’impact de l’IA sur le travail - démontrent la volonté d'une avancée collective. Cette dynamique est également à l’œuvre au sein de la CFDT Cadres avec la création d'un groupe de travail sur l'IA qui implique militants, chercheurs et entreprises afin de faciliter l'appropriation et l'intégration de ces débats.
Pour l'Europe, l'utilisation de l'intelligence artificielle doit aller de pair avec le respect des législations en vigueur : celles relatives aux droits de l’homme, aux droits fondamentaux (dignité humaine, droit au respect de la vie privée, non discrimination sur la base du genre, de l’origine, de l'appartenance à un syndicat). La CFDT influence les débats au sein du CESE et aussi les orientations de la Commission pour que la dimension du travail soit prise en compte lorsqu'on aborde la question de la régulation de l’intelligence artificielle.
Le progrès technologique n’est pas une finalité en soi, il doit servir au bien être de l’humain. Le travail doit être un travail qui libère l’humain, qui l’émancipe et l’épanouit, et non pas une source d’asservissement, de contrôle illimité et de perte de compétences."
Franca Salis-Madinier, membre CFDT au Comité économique et social européen
Des exigences portées haut par la CFDT Cadres
Au-delà des nombreuses opportunités et avancées que l’IA peut offrir (dans la lutte contre le réchauffement climatique, dans le domaine de la santé , dans celui des transports), elle pose de nombreux défis quant aux aspects éthiques et sociaux, notamment dans le domaine RH lorsque il s’agit des lieux de travail. Afin de les prévenir, la CFDT Cadres réclame :
- la transparence des algorithmes : non pas en dévoilant les codes des systèmes, mais en soumettant les machines à des tests robustes et en les certifiant par un organisme agrée indépendant,
- l’élimination des biais des algorithmes en vérifiant la qualité des données introduites dans le système d’IA et le combat les discriminations,
- la protection des données personnelles,
- le respect de la vie privée en limitant le contrôle des travailleurs (via la géolocalisation et autres outils),
- l'absence de fichage des collaborateurs,
- le droit à l’oubli,
- la mise en place d’un organisme paritaire avec les syndicats dans la gestion des algorithmes liés à la RH.
La question de l'intelligence artificielle, comme toute introduction de nouvelles technologies, doit faire l’objet d’un dialogue social avec les représentants des salariés, dans la mesure où elle impacte les conditions et l’organisation du travail. Comme rappelé par Franca Salis-Madinier, la structure et la rémunération du salariat dans les filières numériques doit également retenir la vigilance de la CFDT : Quid de la mixité dans les métiers et emplois de demain ? Quelles évolutions de l'automatisation des emplois (et leur suppression ?) Quelle place laissée à l’humain dans la relation avec la machine ? Quelles activités laissées à l’humain ? Quelles compétences doivent être développées ?
Ces transformations suggèrent formation et apprentissage des nouvelles compétences liées à l'intelligence artificielle. Le niveau de connaissances et de maîtrise du concept IA - et de ses impacts sur l’entreprise - par les collaborateurs doit être identifié, en particulier celui des managers qui se trouvent en première ligne. Un travail d'information et de formations en entreprise doit être mené.
L’IA et les nouvelles conditions de travail alertent déjà, avec du contrôle et de la surveillance parfois réalisés via des outils de géolocalisation - prévue dans les nouveaux espaces de travail. Le stress, l’hyperconnexion ou l'appréhension du travail avec la machine viennent également s'ajouter à ces craintes. Ainsi, il conviendra de rester attentif au niveau d’investissement dans le développement des compétences des collaborateurs pour maintenir, enrichir et développer les emplois.
Il conviendra de rester attentif au niveau d’investissement dans le développement des compétences des collaborateurs pour maintenir, enrichir et développer les emplois.
Orange, par la voix de son PDG Monsieur Stéphane Richard, affirme vouloir s’engager dans une intelligence artificielle au service de l’humain. La CFDT est prête a faire des propositions pour traduire cet engagement au sein du groupe.
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