Vers un syndicat mondial télécoms et informatique
Interview de Franca Salis-Madinier, Secrétaire nationale, et présidente d'UNI ICTS Europe
La conférence mondiale inaugurale d'Uni ICTS (Information and communications technology services, au sein du syndicat mondial du secteur tertiaire Uni global) aura lieu à Mexico du 20 octobre au vendredi 21 octobre 2011. Au menu : les multinationales du secteur des TIC, les accords mondiaux, la syndicalisation dans le secteur des TIC.
Pourquoi créer un syndicat mondial télécoms et informatique ?
Les syndicats européens des télécommunications et des technologies de l’information ont impulsé la création d’une branche mondiale pour l’ensemble de ces secteurs. Ce rassemblement syndical est indispensable pour répondre à l’évolution des métiers et la convergence des techniques télécom et internet. Le secteur est en mutation permanente depuis une dizaine d’années. Innovations technologiques et ouverture du marché européen ont bouleversé les périmètres de travail. L’exemple d’Orange est marquant : du groupe public ayant le monopole du téléphone en France à la marque anglo-saxonne faisant de la télévision en ligne, imaginez ce qu’encaissent ceux qui travaillent !
La zone Europe fait figure de moteur…
Avec la fusion au niveau mondial du secteur télécom et informatique celui-ci représentera quelques 330 syndicats et 2 millions d’adhérents. L’Europe compte plus de la moitié des adhérents du monde et sur le secteur informatique et chez les cadres ce sont les syndicats scandinaves qui détiennent et de loin le palmarès du taux d’adhérents. En France, la dynamique est portée par trois confédérations et particulièrement la CFDT dont l’engagement international est historiquement identifié, mais aussi parce que seule la CFDT a une fédération qui a anticipé la convergence et fusionné les secteurs télécoms et informatique, médias. Avec le congrès ICTS de Mexico, le regard se porte sur le modèle social européen que les pays émergents regardent avec espoir.
Quel est l’enjeu social ?
Nous savons que ce modèle est en péril et que nous devons redoubler d’efforts… Gagner de nouveaux membres est un combat de tous les jours, surtout dans ces secteurs où des modes individualistes de rémunération, d’évaluation, de gestion par le stress, mettent en danger la négociation collective. Nous déplorons au passage l’absence de parallélisme côté patronal. Les entreprises sont multinationales, mais les branches patronales s’arrêtent aux frontières. Quel conservatisme ! Enfin, le secteur informatique est dans beaucoup de pays un désert syndical et des salariés jeunes et cadres constituent la grande majorité du personnel de ces entreprises : c’est là que nous devons faire preuve d’innovation et d’intelligence créative.
Comment les salariés voient-ils cet engagement ?
C’est l’efficacité des Comités d’entreprise européens qui est par exemple en jeu, ainsi que la coordination des réseaux mondiaux dans les multinationales telles que Cap Gemini, Atos, Telefonica ou Orange. Mais également IBM ou Hewlett-Packard par exemple où nous nous coordonnons avec la Métallurgie. Ce qui permet des actions transnationales comme celle menée actuellement dans les centres d’appels.