Pour en finir avec une organisation qui empêche le travail
La crise exacerbe les dérives d’un management qui ignore les personnes au profit des seuls résultats financiers. Les cadres veulent reprendre la main sur l’organisation de leur travail.
La parole neutralisée
Les salariés se plaignent chaque jour d’un manque de dialogue, d’un déficit relationnel avec la direction. Ils dénoncent la concentration du pouvoir et l’éloignement des lieux de décisions. Les sondages ont remplacé la parole, des observateurs à l’écart du terrain monopolisent l’expression de ce qui se joue au quotidien dans l’entreprise. Un changement est à l’œuvre : celui de la perte de confiance dans l’organisation du management. La coupure entre le top management et le management de proximité est consommée. Alors qu’ils portent jour après jour les projets et l’activité, jamais les cadres ne se sont sentis autant tenus à l’écart.
Le travail empêché
La crise révèle les défaillances d’un système qui nie la réalité de l’activité, du métier et des compétences. Une batterie d’indicateurs et de reporting ne sauraient refléter le travail. Pire, lorsqu’ils sont contournés, ils conduisent à masquer la réalité. Les modes de management et de gestion sont à repenser. Mobilités forcées, mises en inconfort, déploiement des open space, relations professionnelles misant sur le tout individuel, réorganisations permanentes, plans de départs à répétition, etc. : c’est tout l’environnement de travail qui est mis sous tension. Où est l’investissement dans l’outil de production et le capital humain de l’entreprise ? Entre le pilotage les yeux rivés sur la performance financière et le travail quotidien, c’est le grand écart.
L'urgence du collectif
En repartant du travail, des compétences, des métiers, des identités professionnelles, le syndicalisme est invité à apporter des réponses de proximité, des services professionnels, à reconquérir du pouvoir d’organisation. Une autre forme de contre-pouvoir, de proximité faisant large place au professionnel, n’ignorant en rien l’intérêt général. L’entreprise doit changer sa gouvernance, redonner une dimension stratégique à sa gestion des ressources humaines, et redonner de l’espace aux cadres et à la créativité.
Source : colloque Le travail des cadres à l'épreuve de la crise
« Les salariés nous disent leur attachement au travail bien fait, à la reconnaissance de leurs activités. Ils nous disent leurs exigences d’un travailler autrement, d’un manager autrement, leurs exigences de conditions d’exercice de leurs responsabilités professionnelles de nature à satisfaire performance économique, sociale, environnementale : leur exigence d’un management responsable… » « Les cadres nous disent leur envie de devenir ou redevenir acteur de la mise en scène du travail, du développement des compétences des membres de leur équipe, leur souhait de retrouver des marges de manœuvre et au final de reconquérir du pouvoir sur l’organisation du travail. »