Paritarisme et emploi cadres : les enjeux normands
La CFDT Cadres est allée prendre le pouls de la situation des cadres normands auprès de Jean-Paul Choulant, acteur CFDT aux multiples attributions.
Paritarisme et emploi cadres : les enjeux normands : 3 questions à... Jean-Paul Choulant
Tu es responsable CFDT emploi-formation en Normandie. Quels sont les enjeux normands ?
Jean-Paul Choulant : "Les enjeux sont multiples. Tout d’abord, une réforme de la formation professionnelle qui a du mal à se concrétiser dans ses objectifs affichés dans le titre de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». En effet, les financements de formation de montée en compétence, de transitions professionnelles ne sont pas à la hauteur des besoins tant au niveau des entreprises que des salariés, alors que les deux années que nous venons de passer ont fortement impacté les modes de fonctionnement des entreprises. Elles amènent également nombre de salariés à s’interroger sur leur relation au travail, le sens de leur engagement professionnel.
Un deuxième enjeu concerne les tensions sur les recrutements. De nombreux secteurs en Normandie n’arrivent pas à recruter dans de nombreux métiers. Enfin, un autre enjeu concerne les demandeurs d’emploi de longue durée. Malgré les moyens financiers conséquents disponibles pour ces publics dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) et sa déclinaison régionale le Pacte Régional d’Investissement dans les Compétences (PRIC), ces demandeurs d'emploi les plus éloignés de l’emploi bénéficient peu des nombreuses possibilités d’emploi."
Quels sont tes engagements ?
Jean-Paul Choulant : "Mes engagements sont multiples dans le domaine de l’emploi et de la Formation. Tout d’abord, je suis le Président de la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale « Transitions Pro Normandie » (ex-Fongecif) qui assure entre autres missions le financement des Projets de Transitions Professionnelles » (ex-CIF). C’est l’instance paritaire qui permet d’observer, d’analyser les réalités de l’emploi et de la formation en région. Je siège également au CREFOP (Comité Régional Emploi Formation Orientation Professionnelle) qui est l’instance quadripartite en Normandie sur ces sujets. Elle est composée de représentants de la Région Normandie, des services de l’Etat et des partenaires sociaux.
Au delà du bureau de cette instance, je représente la CFDT dans différentes commissions dont celle chargée du suivi du PRIC (Pacte régional d'investissement dans les compétences). Ce comité permet de partager, confronter entre les différents acteurs notre vision, les problématiques sur l’emploi, la formation depuis l’initial jusqu’à la formation professionnelle, en passant par l’apprentissage et la formation des demandeurs d’emploi.
Un paritarisme de qualité est un atout pour porter les préoccupations, la vision partagée du monde du travail. Nous pouvons agir directement sur le marché de l’emploi, à partir des convictions qui sont les nôtres.
Je suis aussi dans la délégation CFDT au CESER (Conseil Économique Social Environnemental Régional). Je siège dans les commissions « Emploi Formation » et « Prospective ». Les membres du CESER sont issus de la société civile, représentants d’employeurs, des salariés, de différentes associations. Les confrontations permettent d’émettre des avis vers la collectivité régionale sur ses différents domaines de compétences.
Je siège également à la Commission Paritaire Régionale de l’APEC et à l’Instance Paritaire Régionale de Pôle Emploi Dans toute ces instances, un paritarisme de qualité est un atout pour porter les préoccupations, la vision partagée du monde du travail. Nous pouvons agir directement sur le marché de l’emploi, à partir des convictions qui sont les nôtres, parce que nous représentons les salariés. Il n’empêche que certaines organisations syndicales restent plus dans un jeu de contestation et n’ont pas saisi la capacité de co-construction de ces différents lieux."
S’agissant plus particulièrement des cadres, en matière de formation et d’emploi , qu’observes-tu ?
Jean-Paul Choulant : "Au niveau des cadres, nous constatons une réelle difficulté à pouvoir se projeter dans l’avenir, tant du point de vue de l’évolution des compétences que d’éventuelles reconversions professionnelles. Alors qu’il y a une transformation rapide des métiers et une nécessaire adaptation, il est difficile d’accéder aux financements des formations. Les Projets de Transitions Professionnelles sont orientés en priorité vers les salariés de formation infra bac ou de CSP ouvriers et employés, et la baisse drastique des budgets ne permet quasiment pas de financer de formations pour des publics cadres. Les financement via les OPCO permettent, également, peu de financement.
Des cadres s’orientent vers les dispositifs démissionnaires pour accéder à des financements de formation via la Région qui a la compétence de formation des demandeurs d’emploi. Nous nous retrouvons dans une situation où , loin de sécuriser les parcours professionnels des personnes , il faut passer par la case Pôle Emploi.
Nous constatons également une vraie problématique pour les cadres expérimentés voire seniors. Ceux qui perdent leur emploi peinent à retourner dans l’emploi durable. Ceux qui sont dans l’emploi ont du mal à valoriser des reconversions professionnelles dans d’autres entreprises pour des raisons d’âge, de rémunération…"
propos recueillis par Anne-Florence Quintin, secrétaire nationale CFDT Cadres
[APEC] Attractivité des entreprises et emplois cadres en Normandie
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