Vie syndicale

Notre ami Roger Faist s’en est allé ! : Une vie engagée

19 mar 2021

Roger FAIST (1929-2021), premier Secrétaire général de l’histoire de la CFDT Cadres à sa création en 1967, vient de décéder des suites de la COVID. La CFDT, la CFDT Cadres et nombre d’entre nous ont été marqués de son empreinte humaine. Nous lui devons beaucoup !


Un ingénieur militant

Roger FaistDispensé de service militaire en tant que pupille de la nation, Roger Faist entra, dès son diplôme d’ingénieur diplômé des Arts et Métiers en 1952, dans une entreprise de dépoussiérage industriel à Paris. Il adhéra la même année à la CFTC. Puis il travailla dans une entreprise d’électrométallurgie, « Le Carbone-Lorraine » qui rejoignit le groupe Ugine-Carbone, ce qui l’amena à Grenoble en 1957.

À Grenoble, Roger Faist était ingénieur technico-commercial de l’activité métallurgie des poudres. Il rejoignit le syndicat CFTC des ingénieurs et cadres de l’Isère et en fut le secrétaire de 1957 à 1964. Il en élargit l’audience dans une ville alors en plein développement industriel. C’est ainsi qu’il fut en contact avec le niveau national de la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres (FFSIC-CFTC) et qu’il milita pour la déconfessionnalisation de la CFTC dans cette fédération alors peu favorable au changement.

 

Un artisan de la transformation de la CFDT avec les cadres

À la demande des responsables nationaux de la FFSIC il accepta de revenir à Paris en 1964, comme salarié permanent de la fédération en vue de succéder à André Bapaume comme secrétaire général, le président étant François Lagandré.

Après l’évolution qui conduisit en 1964 la CFTC à donner naissance à la CFDT, Roger Faist fut élu secrétaire général de la FFSIC-CFDT en 1965. La FFSIC regroupait alors les syndicats CFDT d’ingénieurs et cadres, présents dans les branches d’activité du secteur privé. Entre 1965 et 1967, il s’agissait de rapprocher ces syndicats, de la fédération correspondant à leur branche et de créer, à ce niveau, une union fédérale de cadres. Simultanément, des unions fédérales de cadres étaient créées dans les fédérations du secteur public. Roger Faist s’impliqua activement dans cette réorganisation qui conduisit la FFSIC à céder sa place à l’Union confédérale des ingénieurs et cadres (UCC-CFDT), ouverte à tous les secteurs privés et publics.

Lors du congrès constitutif de l’UCC, en 1967, il fut élu secrétaire général, en même temps que François Lagandré président. Il fut réélu au congrès de 1969 avec Maurice Luneau comme président puis en 1972. Alors que les diverses fédérations CFDT de branches réunissaient les ingénieurs et cadres avec les autres catégories de salariés, il veilla, non sans difficultés, à ce que l’UCC nouvellement créée, dispose des moyens nécessaires à son fonctionnement et soit en relation avec les équipes de base, favorisant localement l’intervention et l’expression des ingénieurs et cadres syndiqués.

En mai 1968, il veilla à ce que les militants, aidés par les groupes de réflexion de l’UCC, soient bien en prise avec le mouvement social, défendent l’objectif porté par la CFDT d’une réduction de l’éventail des salaires et saisissent l’opportunité d’une ouverture des esprits face à la conception autoritaire de l’entreprise.

À partir de 1970, Roger Faist siégea au Bureau national confédéral. Il ne demanda pas le renouvellement de son mandat lors du congrès de l’UCC de 1975 où Pierre Vanlerenberghe fut élu secrétaire général. Il continua cependant à représenter l’UCC au Bureau national confédéral jusqu’au congrès de la CFDT de 1976.

 

Un acteur impliqué dans la création de l’APEC

Dans un contexte marqué par une progression encore lente du chômage des cadres, il participa, en 1966, au nom de l’UCC, avec les autres organisations syndicales de cadres et les organisations patronales, à la création de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC). Il fut membre du Conseil d’administration paritaire de l’APEC jusqu’en 1975.

 

Un ardent promoteur de la formation continue

Conscient de la nécessité d’articuler travail et formation tout au long de la vie, en s’appuyant sur l’action de la FFSIC puis de l’UCC, Roger Faist fut membre du conseil d’administration du Centre d’études supérieures industrielles (CESI) de 1965 à 1977. Cet organisme, continuateur d’une initiative née à la Régie Renault dans les années 1950 et pilotée jusqu’en 1971 par Raymond Vatier, joua et joue encore, un rôle pionnier dans la pédagogie des adultes et la formation en alternance.

Après avoir piloté un travail approfondi sur la nécessaire formation continue des cadres et le rôle des cadres pour le développement d’une formation permanente ouverte à tous, Roger Faist prit part, au sein de la délégation CFDT, aux négociations interprofessionnelles qui aboutirent à l’accord du 9 juillet 1970 sur la formation et le perfectionnement professionnels et à la préparation de la loi du 16 juillet 1971 portant organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente. Pour expérimenter et impulser de nouvelles initiatives de formation continue, il fut à l’origine de la création en 1972 d’un organisme indépendant, le Centre de recherche et d’études pour l’adaptabilité des cadres (CREAC) qui prit en 1983 le nom de CREFAC.

Il fut sollicité en 1977 par les services de la Commission des Communautés européennes pour diriger le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (CEDEFOP). Ce centre avait été créé en 1975 comme organisme européen d’études et d’échanges d’expériences, géré par les représentants des gouvernements, des organisations d’employeurs et des syndicats de travailleurs, avec son siège à Berlin-ouest (République fédérale d’Allemagne).. Il s’impliqua dans les premiers travaux conduits par le CEDEFOP sur la correspondance des qualifications entre les divers pays. Alors que la Commission européenne faisait appel au CEDEFOP pour élaborer des propositions en matière de formation, notamment des femmes ou des travailleurs migrants, il insista pour orienter également les recherches sur les problématiques du futur, découlant par exemple de l’automatisation des processus de production préludant à l’explosion de l’informatique.

 

Retrouvez la biographie complète de Roger FAIST sur le site du MAITRON :

Retrouvez l’action de Roger FAIST au sein de la CFDT dans deux articles historiques :

 

 

Illustration : maitron.fr