Responsabilité et expression

Les ingénieurs et la société : du désir à l’action

19 sep 2011

L’enquête annuelle du CNISF confirme leur aspiration à l’engagement sociétal.


La 22ème enquête du CNISF questionnait les ingénieurs sur le vaste champ de l’éthique : près de 30 000 d’entre eux ont répondu à cette partie optionnelle de l’enquête, soit près de 3 sur 4 répondants, c’est dire leur intérêt pour ces questions. L’analyse des résultats a été effectuée par Kristoff Talin (CNRS) et Christelle Didier (Université catholique de Lille). Ces résultats interpellent tout à la fois les organisations syndicales et les employeurs dans deux directions : l’exigence d’un exercice professionnel socialement responsable et leur vision constructive de l’engagement syndical. C’est ce dernier point qui est traité dans le présent article.

Un ingénieur doit – il s’engager pour la transformation de la société ? 21 % répondent « oui, tout à fait » et 64 % « oui, plutôt » : cette vision de l’ingénieur engagé est donc « massive ». Les chercheurs soulignent qu’elle va de paire avec une importance plus grande donnée à la valeur « égalité » sur la valeur « liberté » et un intérêt grandissant pour la chose publique (54 % des ingénieurs répondant sont intéressés par la politique contre 43 % des français).

Etre ingénieur et avoir un rôle politique ou syndical ? 73 % des ingénieurs sont d’accord avec l’idée qu’il faudrait plus de représentation des ingénieurs en politique mais 37 % considèrent que le rôle d’élu politique est inconciliable dans la durée avec le travail d’ingénieur. Mais l’étude ne dit pas si pour les ingénieurs  la finalité de leur travail a une portée politique. 72 % des répondants souhaitent davantage de prise de position des ingénieurs dans les négociations sociales. L’engagement syndical apparait pour 57 % d’entre eux comme un moyen d’exprimer son intérêt général pour les problèmes sociaux et pour 32 % comme un moyen pour exercer son leadership et se faire connaitre. 3 ingénieurs sur 10 considèrent que le statut de cadre est incompatible avec l’engagement syndical : pour les 7 autres c’est donc possible ? Mais pour ces derniers d’autres freins sont encore à lever car près de 6 ingénieurs sur 10 déclarent que l’engagement syndical peut freiner la carrière.

La société, les sociétés, sont elles en mesure de permettre cet engagement sociétal ? Il y a encore des barrières à faire tomber dans les entreprises pour que les salariés ingénieurs puissent faire converger performance économique et responsabilité sociale, pour que leur parole puisse être entendu des directions et aussi – soyons lucides – des sections syndicales. C’est une des finalités de l’action de la CFDT Cadres sur les conditions d’exercice de la responsabilité (garantir le droit d’expression, protéger les lanceurs d’alerte). Le questionnaire n’abordait pas les autres canaux d’expression que sont les associations d’anciens élèves et les associations professionnelles de métiers. On pourra se reporter pour cela aux travaux de Matthieu Bensousan, paru notamment dans la revue Cadres.

On ne manquera pas de suivre non plus les échanges entre les ingénieurs Insa et la société à l’occasion de l’assemblée générale de leur association, les 8 e 9 octobre à Lyon. Signalons enfin le colloque « un ingénieur, des ingénieurs ? », au public plus large, au contenu plus historique, organisé par Ingénieurs Sans Frontières et le Centre Maurice Halbwachs à Paris les 6 et 7 octobre. La CFDT Cadres y sera présente.

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