Les Espaces De Dialogue dans la fonction publique
Après la fusion Impôts -Trésor, des espaces de dialogue (EDD) ont été mis en place à la direction générale des finances publiques.Quand les fonctionnaires s’expriment sur leur travail.
La fusion entre les deux administrations des Impôts (DGI) et du Trésor public (DGCP) pour créer la direction générale des finances publiques (DGFiP) en 2008 a été l’occasion pour les fédérations des finances de débattre avec le ministère des conditions de travail. Dans ce processus de discussion, la CFDT Finances a joué une part active en cherchant un dispositif pour améliorer les conditions de travail, un sujet complexe qui s’inscrit dans la durée. Plutôt que de rechercher un effet d’affichage avec des revendications ponctuelles, la CFDT s’est efforcée de convaincre l’administration de se doter d’outils permettant de lancer un processus pouvant se décliner au plus près du travail des agents et des cadres, à l’échelle des services locaux, les espaces de dialogue (EDD). La création d’espaces de dialogue sur le travail est la proposition phare de la CFDT. Cette proposition, issue de l’analyse des réponses aux questionnaires sur les conditions de travail de 2006-2007 à la DGI et à la DGCP a longuement été débattue entre les organisations syndicales et l’administration. Elle a été testée en situation réelle avec l’aide d’une équipe pluridisciplinaire (sociologue, médecin de santé publique, ergonome) de l’institut de recherches économiques et sociales (Ires). Les résultats positifs de l’expérimentation ont conduit l’administration à généraliser les EDD au sein de l’ensemble des services de la DGFiP en 2012. Echanger entre pairs pour construire des règles non écrites La position de la CFDT se fonde sur une conception du travail partagée par les ergonomes, psychologues et même certains médecins du travail comme Davezies (1991) : ''Le travail, c’est l’activité coordonnée déployée par les hommes et les femmes pour faire face à ce qui n’est pas déjà donné par l’organisation prescrite du travail.''
Cela signifie clairement que, contrairement à une conception dominante, les entreprises et administrations ne fonctionnent que par l’imagination des travailleurs à adapter les règles et les processus, afin que la tâche donnée soit réalisée. Au ministère des Finances, une étude de l’IRES (Grimault, Pernod, Ughetto ; 2005) a souligné que ''les réorganisations n’existent pas par le simple fait des directives mais au prix d’un travail de traduction dans les formes concrètes du niveau local… c’est une action et non un geste passif de suivi des instructions qui permet à la réorganisation de se concrétiser.'' Ainsi, les travailleurs sont conduits à construire des règles non écrites autonomes, qui peuvent compléter ou même modifier dans leur applicabilité les règles ou les directives élaborées par l’administration centrale. L’existence de ces règles autonomes pose la question de leur légitimité au regard de l’organisation du travail.