La troisième journée des managers mères de famille
Les négociations égalité professionnelle ne doivent pas se limiter aux questions de rémunération et de carrière.
Si le bureau demeure le principal lieu de travail, beaucoup de cadres se déplacent et la plupart prolongent leur activité à leur domicile. Une moyenne de trois déplacements par semaine est observée. Les vrais nomades sans bureau fixe (consultants, salariés travaillant loin de chez eux…) représenteraient près d’un cadre sur dix. Côté durée, il est impossible d’afficher une mesure précise. On s’en tiendra donc à ce que les cadres déclarent, soit approximativement des journées de 7 à 10 heures pour la majorité mais plus de 10 heures tous les jours pour un cadre sur quatre.
Rien ne permet donc de dire que les cadres aujourd'hui travaillent plus qu’avant mais ils travaillent différemment. Choix personnel assumé ou contrainte liée à la charge de travail ? La réponse à cette question reste complexe car elle est en partie liée à la situation personnelle des individus, à la présence des enfants qui fait augmenter le déplacement du travail vers le domicile. Mais la part de choix individuel est également fortement impactée par l’organisation et le contexte du travail qui, eux, sont des paramètres collectifs. C’est au nom du droit au repos et à la santé que se construiront les nouvelles régulations collectives. Le collectif de travail et le syndicalisme peuvent agir et réguler (usage des messageries le soir, la nuit ou le week-end, etc.).
Les enquêtes de la CFDT Cadres relèvent cependant un constat intéressant : l’âge et le genre n’apportent pas de différences déterminantes entre les cadres. C'est la fonction d’encadrement et de management d’équipe qui est en revanche un élément essentiel dans la charge de travail. Les managers se déclarent ainsi moins autonomes que les experts. C'est là une question majeure : les femmes, particulièrement celles qui encadrent des équipes et qui ont des enfants, font une journée de travail à peu près équivalente à leurs collègues masculins, prennent nettement plus en charge leurs enfants chaque jour mais travaillent aussi de façon plus systématique à leur domicile. Sans surprise, avec ces ‘‘trois journées’’ dans une, tous les indicateurs (durée du travail, charge de travail, ressenti global) sont très négatifs et marquent une insatisfaction importante. Les négociations sur l'égalité professionnelle qui observent essentiellement les questions de rémunération et de carrière devront aussi intégrer celle de l’organisation d’une journée de travail.
POUR ALLER PLUS LOIN
L'égalité professionnelle, une question de performance