La filière d'études, déterminant du déclassement
Déclassement des jeunes sortant du supérieur, le Cereq met en évidence les disparités entre filières.
Le déclassement des jeunes donne lieu à un nombre d’études important. Les analyses sur ce thème sont nombreuses mais, selon la méthode, les résultats ne concordent pas toujours. Le déclassement est considéré comme massif pour certains et d’une ampleur limitée pour d’autres. Une étude du Céreq (P. Lemistre) compare les données recueillies tout au long des différentes enquêtes Génération pour examiner l’évolution des décalages entre le niveau de diplôme des jeunes issus de l’enseignement supérieur et la qualification des emplois qu’ils occupent. Le déclassement est défini comme le décalage défavorable entre le niveau de formation d’une personne et la qualification de l’emploi qu’elle occupe. Deux types de déclassement peuvent être observés :
- un déclassement « dit » objectif, mesuré à partir des niveaux de diplôme et d’emploi occupé, et établi selon une « norme » de correspondance de type : diplôme BTS = emploi de technicien ; et Master correspond à un emploi de cadre.
- un déclassement subjectif correspondant au vécu des individus.
L’étude met en évidence les disparités entre filières (certaines filières déclassent plus que d’autres) et la non-concordance entre les mesures objectives et subjectives du déclassement. Cela explique en partie que les résultats ne soient pas toujours concordant. En effet, les deux types de déclassement ne coïncident pas nécessairement, un jeune objectivement déclassé (diplômé de BTS occupant un emploi d’ouvrier qualifié,) pouvant ne pas s’estimer dans cette situation.
En s’appuyant sur les résultats des enquêtes Génération (Céreq, 1995 à 2010) pour mettre en évidence la complexité de ce phénomène pour les diplômés du supérieur, il en ressort :
- Tout d’abord, les concordances « objectives » entre diplômes et emplois diffèrent fortement selon les filières et le niveau de formation. Il est donc nécessaire d’analyser les résultats selon ces deux critères pour en distinguer la diversité.
- Ensuite, lorsqu’on confronte le déclassement dit objectif à la perception qu’en ont les jeunes, les deux mesures ne se recoupent pas. Un croisement des deux notions permet donc de mesurer l’ampleur réelle du déclassement.
Ainsi, en 2010, le pourcentage de jeunes diplômés du supérieur objectivement déclassés diffère de plus de 15% entre les bac+3 et les bac+5. Globalement, entre 10 et 15% de jeunes diplômés du supérieur sont objectivement et subjectivement déclassés, mais ce qui est impressionnant c'est le croisement des courbes : objectivement en 2010 les bac + 5 sont plus déclassés que les autres sortants. Et les femmes plus que les hommes. Pour la CFDT Cadres, au-delà du ressenti des jeunes sur leur situation le déclassement objectif notamment des Bac+5 est intolérable. Ce phénomène est surtout accentué dans les filières non scientifiques. La CFDT agit en faveur des jeunes avec l’Ani jeunes et via l’Apec où elle s’engage pour qu’un nouveau service d’accompagnement au passage cadres soit proposé par l’Apec.