"J'ai une femme exceptionnelle..."
Carrières des hommes hauts fonctionnaires et arrangements conjugaux.
L’enquête collective menée entre 2011 et 2013, coordonnée par Catherine Marry, montre à quel point, dans la haute Fonction publique, la conciliation entre sphères professionnelle et privée reste un problème essentiellement… féminin. En effet, "l’organisation du travail y est telle que seuls peuvent se plier aux exigences de leurs postes les cadres dont la conjointe, bien que tout aussi diplômée (voire plus diplômée) assume l’exclusivité des charges familiales et désinvestit la vie professionnelle, devenant «une femme exceptionnelle» au service de la carrière de son conjoint. Ces hommes cadres ne modifiant leurs arrangements conjugaux que lorsque leur couple est en danger ou qu’ils éprouvent des déconvenues dans leur carrière" note le dernier Connaissance de l'Emploi (CEE, n°114 sept 2014). ‘’Contrairement aux discours sur les « nouveaux pères » ou les « nouveaux hommes » qui voudraient que les hommes, spécifiquement ceux des classes supérieures éduquées, investissent désormais davantage la sphère privée, l’enquête a montré la persistance du modèle du male breadwinner parmi les élites de la Fonction publique.’’ En effet, la carrière des cadres supérieurs et des dirigeants de la haute administration est en partie rendue possible par leur désinvestissement de la sphère domestique, surinvestie en contrepartie par leurs conjointes. ''Celles- ci ne bénéficient que très rarement de l’appui d’un « homme exceptionnel », au sens donné à cette expression par les enquêtés, autrement dit d’un conjoint qui accepte de reléguer sa propre carrière au second plan pour prendre en charge les tâches domestiques et familiales et soutenir celle de sa conjointe'' conclue la note.