Happy Birthday Eurocadres ! : 25 ans de dialogue européen
Eurocadres a vu le jour en 1993, fondé par Michel Rousselot, ancien secrétaire général adjoint de la CFDT Cadres.
par Ute Meyenberg, Secrétaire nationale de la CFDT Cadres
L’assemblée générale d’Eurocadres du 5 novembre 2018 a été l’occasion de fêter ensemble les 25 ans d’existence d’Eurocadres. C’est en effet le 24 février 1993 que s’est réunie à Luxembourg l’Assemblée générale constitutive d’Eurocadres, sous l’égide de la Confédération européenne des syndicats (CES) et en réponse aux demandes des organisations syndiquant les cadres dans les divers pays européens. Il s’agissait de créer une organisation capable de représenter les cadres et d’intervenir en leur nom au niveau européen. Fin 1993, après l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, Eurocadres a été reconnu comme partenaire social de plein droit. Depuis lors, Eurocadres est consulté par la Commission européenne avant toute initiative législative dans le domaine social et participe aux négociations entre syndicats et employeurs conduisant à des accords interprofessionnels (par exemple, ceux sur le congé parental, sur le télétravail ou sur les marchés du travail inclusifs), lesquels sont ensuite mis en œuvre dans les divers pays.
Quels sont les succès les plus notables de l’action d’Eurocadres ?
Depuis 1993, Eurocadres a travaillé sur des sujets qui relevaient d’une importance spécifique pour les cadres, comme l’emploi des cadres, la charge de travail, l’accès des femmes aux postes de responsabilité ou la promotion du modèle européen de management. Son action a permis la prise en compte de questions qui ne figuraient alors pas à l’agenda européen. Il en fut ainsi pour une mobilité européenne librement choisie, pour la qualité de l’enseignement supérieur et de la formation, pour la recherche et l’innovation ou encore pour la reconnaissance des diplômes et qualifications. Ainsi, l’action d’Eurocadres a notamment été déterminante pour la création du dispositif européen d’accréditation des formations d’ingénieurs (ENAEE). De même, Eurocadres est intervenu pour améliorer la transférabilité des droits à pensions entre les différents pays. Ajoutons qu’Eurocadres a créé des réseaux d’échanges et de travail entre ses organisations membres et que le livre « Les cadres en Europe et leurs syndicats au 21e siècle » est toujours une référence permettant de comprendre la situation dans nos pays.
Et dernièrement ?
Depuis la dernière mandature, avec le président Martin Jefflèn, Eurocadres poursuit son travail sur ces sujets tout en les adaptant à l’évolution de la société. La qualité de vie au travail, en tenant en compte des évolutions liées à la digitalisation de l’économie, l’égalité professionnelle, l’éducation tout au long de la vie et la mobilité professionnelle restent au centre des préoccupations. Parmi les dernières réalisations, notons l’organisation d’une conférence à Paris sur la digitalisation et son impact sur les cadres (octobre 2016), et plus récemment, l’adoption d’une motion sur les transitions professionnelles nécessitant l’accès à la formation tout au long de la vie. L’assemblée générale de 2016 a porté sur la protection de la production intellectuelle avec une conférence dédiée au droit à la propriété intellectuelle (copyright).
Aussi, une part conséquente du travail mis en œuvre est dédié à la directive « secret des affaires » (protection des cadres dont les lanceurs d’alertes), et surtout à la protection des lanceurs d’alerte, où Eurocadres a mené la campagne auprès de la Commission européenne en réunissant sur la plateforme whistleblowerprotection plus de 80 organisations non-gouvernementales et syndicats. Cette démarche illustre une production législative européenne de A à Z puisque Eurocadres est intervenu bien avant la présentation des directives avec des actions diverses associant parlementaires, ONG et syndicats. Ainsi, en avril 2018, la Commission a enfin présenté un projet de directive, cédant ainsi aux pressions de la société civile. Comme la proposition pour la protection des lanceurs d’alertes est loin d’être parfaite, Eurocadres mène actuellement une bataille d’amendements et a été expert auprès du CESE européen. Le CESE vient d’adopter son avis, largement positif, sous l’égide de la CFDT. Le vote au Parlement est prévu pour fin novembre.
Le dernier projet d’Eurocadres porte sur le thème de la santé mentale au travail. Les études le montrent : l’exposition prolongée aux risques psycho-sociaux a des effets délétères sur la santé physique, allant jusqu’aux états dépressifs et tentatives de suicide et crée des coûts pour la société. La prévention, qui passe par une prise de conscience des risques, est au centre des préoccupations.
La CFDT Cadres dans Eurocadres
Pendant ces 25 ans, la CFDT Cadres a largement contribué aux succès d’Eurocadres, fondé par Michel Rousselot, président jusqu’en 2005. La CFDT Cadres a toujours siégé au présidium et activement contribué aux orientations stratégiques avec Jean-Paul Bouchet (2005-2009), Patricia Blancard (2009- 2016, trésorière puis vice-présidente dès 2013) et Ute Meyenberg depuis 2016.
La montée des nationalismes et le repli sur soi de certains états européens nous montre que le soutien d’une communauté européenne, protectrice des droits sociaux, est plus que jamais nécessaire, sinon indispensable. Pour la CFDT Cadres, il est primordial que l’intégration européenne suive son cours. Militons activement, avec Eurocadres, pour le socle européen de droits sociaux et renforçons les liens de solidarité entre citoyens européens.
Les présidents d'Eurocadres Michel Rousselot (1993 à 2005) et Martin Jefflén (depuis 2013)
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Photos illustration : eurocadres.eu