En 2020, la crise a encore aggravé les inégalités salariales femmes-hommes
En 2020, l'écart de rémunération entre femmes et hommes cadres atteint les 15% (Source : Apec, 2021).
L’APEC vient de publier deux études portant sur les salaires et sur le vécu de la crise sanitaire qui éclairent encore davantage la persistance d’inégalités fortes et des attentes de transformation partagées par les femmes et les hommes.
L’ANI Cadres 2020 signé par toutes les organisations d’employeurs a identifié ces enjeux comme méritant une « attention particulière ». L’attention ne peut plus souffrir d’attentisme ; la pression de l’index égalité professionnelle n’est pas assez forte. L’obligation de négociation doit être mise en œuvre, avec honnêteté et loyauté.
Les constats de l’APEC
« En 2020, seuls 38 % des cadres ont bénéficié d’une augmentation, soit 10 points de moins qu’en 2019. Mais, parce que les rémunérations variables n’ont pas baissé autant qu’attendu, et grâce aux mobilités externes qui s’accompagnent de progressions salariales, la rémunération médiane des cadres est restée stable l’an dernier.
Autre fait saillant, le risque sur lequel nous avions alerté l’an passé s’est produit. L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes cadres a cessé de se réduire en 2020. Pire, davantage d’hommes ont bénéficié d’augmentations salariales, mettant à mal les efforts initiés ces dernières années. »
La rémunération médiane des hommes cadres est 15 % supérieure à celle des femmes cadres (en brut annuel fixe + variable) :
- Soit 53 K€ pour les hommes cadres vs 46 K€ pour les femmes cadres.
- Cet écart varie peu depuis plus de 10 ans.
A profil et poste équivalents, l’écart s’élève à 8 %. Il ne s’est pas réduit depuis la 1ère mesure réalisée en 2014 par l’Apec.
Moins d’augmentation pour les femmes
L’écart entre la part des hommes cadres et des femmes cadres qui ont été augmentés se creuse d’année en année : en 2018, l’écart était de 2 points (51% des hommes cadres avaient été augmentés vs 49% des femmes), en 2019, il est de 3 points (49% des hommes et 46% des femmes en 2019).
En 2020, 5 points, les hommes cadres ont été encore plus fréquemment augmentés que les femmes cadres : 40 % vs 35 %.
Des disparités de rémunération (fixe + variable) sont toujours observées entre femmes cadres et hommes cadres : Parmi les salaires les plus élevés : en 2020, seules 10 % des femmes cadres gagnent plus de 72K€ vs 22 % des hommes.
La crise a renforcé les inégalités existantes et en a créé d’autres
Les femmes cadres sont davantage confrontées à des situations professionnelles compliquées : conflit avec les équipes, surmenage professionnel, sexisme, harcèlement.
Une part importante de femmes cadres a vécu la crise sous le signe du stress (65 %), de l’extension du temps de travail (53 %), d’une pression accrue des managers (48 %).
Equilibre vie privée / vie pro
Les nouvelles organisations du travail ont exacerbé les inégalités (55 % des femmes déclarant éprouver des difficultés à équilibrer contre seulement 43 % des hommes). La plus grande part des responsabilités domestiques incombent encore aux femmes cadres.
Voire en ont créé de nouvelles : à la maison, l’organisation matérielle du télétravail se fait en défaveur des femmes cadres, elles sont le plus souvent installées au salon que les hommes (39 % vs 33 %) et bénéficient moins d’un bureau lorsqu’il existe (35% vs 46%).
Des attentes prioritaires
Pour combattre les inégalités, hommes et femmes cadres sont d’accord sur deux priorités : l’évolutions des mentalités des managers et des dirigeant.e.s (56 % de femmes vs 49 % d’hommes) et les niveaux de rémunérations (51 % de femmes vs 37 % d’hommes). Puis viennent les conditions de travail (flexibilité, horaires, charge, télétravail, temps partiel) (44% vs 36 %).
+ d'infos
Baromètre de la rémunération des cadres - Septembre 2021 (corporate.apec.fr)
Femmes cadres et crise sanitaire - Septembre 2021 (corporate.apec.fr)
Accord national interprofessionnel du 28 février 2020 portant diverses orientations pour les cadres