Salaire et participation

[APEC] Salaires des cadres : des réalités contrastes en 2018

05 sep 2019

Dans son baromètre 2019 de la rémunération des cadres, l'APEC révèle une augmentation de 2% du salaire médian.


par Laurent Mahieu, Secrétaire général CFDT Cadres

 

Salaires des cadres : des réalités contrastes en 2018

Barometre 2019 de la remuneration des cadresUne fois encore, le baromètre annuel de l’APEC sur la rémunération des cadres apporte son lot d’informations utiles pour les négociations collectives comme pour les négociations individuelles. En quelques mots, voici quelques focus qui ne remplaceront pas une lecture détaillée !

En TPE/PME, si les salaires médians sont un peu plus faibles qu’au sein des grandes entreprises, les augmentations sont plus dynamiques cette année encore.

Les services techniques (achat, logistique, méthodes, maintenance, qualité) sont les parents pauvres des augmentations des médianes. La qualité du « back office » est souvent mal reconnu ! Cela va mieux dans le « bac à sable »… (p. 8).

L’éventail des salaires s’accroît selon les tranches d’âge : entre la génération des moins de 30 ans et celle des plus de 50 ans, le 1er décile stagne (de 32 à 38 k€) quand le 9e décile double (de 50 à 98 k€), l’écart entre ces deux déciles passant de 18 k€ à 60 k€.

Les progressions individuelles fortes d’une minorité (le 10e décile) cachent mal une stagnation générale : 

  • 50 % des cadres de moins de 30 ans perçoivent une rémunération inférieure à 39 k€ 
  • 50 % des cadres de plus de 50 ans perçoivent une rémunération inférieure à 55 k€ 

Cela représente une progression de 16 K€ du salaire médian (soit 40 %) sur environ 30 ans, soit + 1,3 % par an…

Sur les dix dernières années se reconfigure la « hiérarchie » des salaires médians des 4 grands secteurs (industrie, construction, commerce, services) (p.11) : le salaire médian dans l'industrie continue à croître en tête, celui des services rattrape son retard et celui du commerce connaît une forte progression sur 10 ans.


Evolution - Barometre 2019 de la remuneration des cadres

 

 


En fonction du diplôme, l’étude mériterait d’être plus détaillée. Cependant, l’analyse fait apparaître un tassement de l’évolution salariale au cours de la vie pour les moins diplômés. Sur une base 100 du salaire médian des moins de 30 ans :

  • Le salaire médian des Bac+5 atteint 165 pour les plus de 50 ans
  • Le salaire médian des Bac+3/4 atteint 128 (id.)
  • Le salaire médian des Bac+2 et moins atteint 120 (id.)

Pour ces deux derniers groupes, l’accès à la formation diplômante en cours de carrière et la certification externes des compétences devraient être encouragées pour contrer la discrimination par le diplôme.

Mobilité interne : en cas de mobilité interne, 8 juniors sur 10 sont augmentés alors qu’ils sont moins d'un senior sur deux.

Chômage : tout n’est pas rose en matière de salaires (on le sait) selon les tranches d’âge face au chômage : 

  • Les jeunes de moins de 30 ans qui changent d’entreprise via une période de chômage sont 64 % à percevoir une augmentation, alors qu’ils ne sont que 60 % parmi les « sédentaires » qui n’ont pas connu de changement
  • Pour les plus de 50 ans, le passage par la case chômage n’est bénéfique que pour 28 % d’entre eux (contre 36 % de ceux qui ne changent pas d’emploi).

De grandes différences ici aussi entre les juniors et les seniors.


Egalité Professionnelle (Apec 2019)Egalité professionnelle : l’écart se creuse à nouveau entre la médiane « homme » et la médiane « femme », les hommes gagnant 16 % de plus que les femmes (tous secteurs confondus) après des années 2014 – 2016 où l’écart avait diminué. Dans les secteurs plus féminisés, les écarts en faveur des hommes sont encore plus grands (environ 20 % de plus dans le commerce, le marketing, la communication mais aussi dans la direction d’entreprise, gestion/finances, administration et production industrielle) (p. 15/16).

Les premiers constats tirés de l’index égalité pro pour les entreprises de plus de mille salariés faisaient état qu’une entreprise sur deux avait un index à zéro quant à la part des femmes parmi les dix plus hautes rémunérations.

La CFDT Cadres a proposé au patronat, dans la négociation sur l’encadrement, d’agir sur les disparités en matière d’égalité professionnelle en confiant à l’APEC une fonction d’analyse sectorielle des index. La dernière séance de négociation, le 20 septembre, ouvrira t-elle quelques perspectives en ce domaine ?


L’accès à la formation est également un enjeu majeur de la période. Le passage par la « case » chômage des plus de 50 ans doit faire l’objet d’une plus grande attention.

Enfin, l’enjeu du travail sur les classifications et les rémunérations au niveau des branches est capital en matière d’attractivité, d’équité  et de mobilité. Il s’agit de travailler sur le fond structurel pour mieux maîtriser les effets de bord conjoncturels.

À l’heure du débat ouvert sur les retraites, avec le choix majeur de la répartition et de l’universalité, il est clair que la solidarité intergénérationnelle se joue d’abord dans les entreprises.

 

À écouter : 

 

+ d'infos

Baromètre 2019 de la rémunération des cadres (apec.fr)

Le salaire médian des cadres a augmenté de 4% en deux ans (apec.fr)

 

Illustrations : Fotolia / Apec