La notation sociale est aussi l’affaire des salariés et de leurs représentants
Un thème porté par la CFDT Cadres et aujourd'hui sur le devant de la scène.
L’avènement du pouvoir des actionnaires sur les dirigeants des entreprises a modifié les règles du jeu en interne comme en externe de celles-ci, favorisant les directions financières et consacrant l’influence décisive des agences de notation. La crise a fait apparaître les limites de ce système, posant la question de sa régulation.
L’émergence d’une évaluation extra financière (notation sociale et labellisation des fonds d’épargne) pousse à la prise en compte des dimensions sociales et environnementales oubliées par les acteurs traditionnels des marchés. La création d’agences de notation extra financière au tournant des années 2000 correspond au départ à une demande économique. Celle-ci émane discrètement des patrons qui souhaitent encourager l’émergence d’une représentation différente de l’entreprise. Pour que ces démarches de labellisation sociale et d’affichage de pratiques socialement responsables ne restent pas de propos incantatoires ou des simples gadgets marketing, il est nécessaire d’impliquer dans les négociations des thèmes audités, dans les modalités d’audit ainsi que dans les barèmes attribués à chaque thème une de parties prenantes principales de l’entreprise, les salariés et leur représentants.
Pour la CFDT Cadres, l’acteur syndical est incontournable dans l’évaluation extra-financière des entreprises. Pour aller au delà de l’affichage d’une pratique RSE, elle milite et travaille depuis plusieurs années à la mise en place d’indicateurs de performance sociale sur lesquels indexer une partie de la rémunération des dirigeants et des cadres de l’entreprise. La CFDT plaide pour que les institutions représentatives du personnel soient associées dans la mise en place et le suivi de ces indicateurs et dans les questions de responsabilité sociétale de l’entreprise ou administration.
Dans les conseils d’administrations, pour en finir avec la consanguinité de leurs membres et les cercles fermés des petits amis pour qu’ils deviennent de vrais organes indépendants et démocratiques, il faut donner plus de poids à la représentation des salariés (augmenter leur nombre pour que leur vote pèse réellement) et y associer le représentant du comité d’entreprise voire d’autres parties prenantes et pertinentes de la société civile.
La notation sociale, appelée plus générale notation extra-financière, par opposition à la notation financière, évalue la stratégie sociale, environnementale et sociétale d’une entreprise. Elle établit ensuite un rang à partir d’une grille adaptée au secteur professionnel de l’entreprise et à son activité, pour que les comparaisons soient réalistes.
Les principaux acteurs sont les agences de notation extra-financière. Une des principales agences est Vigéo, fondée en 2002 par Nicole Notat. Vigeo évalue à la fois la performance et les risques des entreprises et des organisations et leur niveau d’engagement en termes de responsabilité sociale (RSE). Plusieurs domaines sont étudiés : la gouvernance, l’environnement, les ressources humaines et le comportement sur les marchés. Une des principales normes en la matière est l’ISO 26000, une récente norme internationale qui questionne les décisions et les activités des organisations multinationales sur la société et sur l’environnement, et promeut ainsi un comportement transparent et éthique."