Gérez-vous votre identité numérique professionnelle ?
Les réseaux sociaux rendent indispensables de se pencher sur l'e-réputation.
Les réseaux sociaux sont devenus une partie intégrante du web. Il est difficile d’établir un palmarès précis. Facebook, qui est plus l’apanage des jeunes, est talonné par les outils de partage de contenus et de messages (Windowslive, DailyMotion MySpace…). Viadéo et Linkedin font à peu près jeu égal, suivis de près par Twitter avec près de 3 millions de comptes chacun. Il faut également compter avec les puissants Copains d’avant, Trombi.com ; et l’arrivée de Google + bouscule le marché. En 2010, 2 % des DRH français affirment utiliser les réseaux sociaux pour recruter contre 45 % aux États-Unis. Il s’agit donc aujourd’hui d’un sujet minoritaire en entreprise mais appelé à devenir important. En témoigne, par exemple, les débats juridiques liés au risque image, comme l’a montré la jurisprudence de ‘’licenciements Facebook’’. Peut-on dénigrer son entreprise sur Internet ? La réponse est non. Sur un réseau social ? Non plus. Il ne s’agit pas d’un lieu privé avec secret de correspondance (dénigrer son employeur dans la vie privée, fort heureusement, n’est pas attaquable !). Il faut distinguer l’atteinte à la réputation de l’entreprise et la violation du contrat de travail (divulgation d’un secret professionnel, par exemple, à condition que le contrat comporte des clauses ad hoc).
Comme tout outil de mise en relation, les réseaux sociaux s’invitent progressivement dans les processus de recrutement. Ceux-ci peuvent représenter jusqu’à un recrutement de cadre sur cinq. Mais plus qu’une politique de recrutement massif, l’investissement des entreprises, et bientôt des administrations, participe de leur politique image : un objet qualitatif auprès des talents, des clients et des investisseurs. Le salarié doit également gérer son e-réputation. Le web 2.0 a démultiplié les interactions entre informations. Le web sémantique (web 3.0) et sa synchronisation avec tous les web services (tels que le e-learning ou le travail à distance) développera un web 4.0 nécessitant de structurer de plus en plus les métadonnées.
Aujourd’hui, créer un CV ne suffit plus. Celui-ci doit ‘’vivre’’ publié au sein d’une ou plusieurs CVthèques, comme celle de l’Apec par exemple, ou de réseaux spécialisés (communauté professionnelle, anciens élèves...). Il est nécessaire d’organiser sa trace en ligne : à quoi est-on numériquement lié ? Que faut-il assumer ?... Cela demande parfois d’exercer un droit (progressivement reconnu) à l’oubli numérique, et ne pas laisser Google parler pour soi ! La plupart se défendent de ‘’google-iser’’ les candidats, notamment parce qu’il n’y a pas de base légale pour cela. Mais l’affichage d’informations plus ou moins personnelles sur le web contribue à de la communication interpersonnelle, aux côtés du CV, de la réputation et des divers recommandations. Les informations demandées par un recruteur doivent avoir un lien direct et nécessaire avec l’emploi. La crise appelle à repenser l’entreprise et notamment à imaginer de nouveaux systèmes RH. Les réseaux sociaux y prennent leur part, qu’on le veuille ou non.