Oser et prendre des risques, une peur française
Retour sur le rapport Lauvergeon qui propose une sélection d'innovations. Et valorise le rôle des cadres et l’engagement des salariés.
La commission a sélectionné des ''ambitions fortes'' reposant sur des innovations majeures au sein des entreprises de toute taille et autour de priorités durables. La définition de ces choix s’appuie sur les attentes sociétales fortes, en croissance mais également la prise en compte du contexte international. ‘’Il ne suffit plus de disposer de forces dans un domaine. Il faut être à la pointe de l’innovation, présenter des atouts d’excellence, convaincre de la qualité au bon moment et attirer les meilleurs talents dans un contexte de concurrence internationale’’.
Le rapport insiste sur les forces de la société française : des domaines d’excellence (industrie aéronautique et aérospatiale, luxe, pharmacie, gestion de l’eau et des déchets, industrie culturelle, nucléaire, tourisme, etc.), la qualité de la recherche publique (dont les mathématiques appliquées), un niveau de formation de la population élevé avec des ingénieurs français recherchés pour leur capacité d’adaptation, leur formation généraliste et leur productivité mais également la fidélité des salariés à leur entreprise quel que soit leur niveau de formation. La rapport insiste également sur la qualité de l’environnement socio-économique (natalité, système de santé, infrastructures de transport, d’eau, d’énergie et de télécommunications). Autant d'éléments de compétitivité.
Mais la France présente aussi des handicaps, avec un écosystème social et une organisation qui n’incitent pas à l’innovation. Fiscalité, contraintes réglementaires, conjoncture morose ne facilitent pas la vie des innovateurs. Ce constat n’est pas nouveau mais le débat mérite d’être grandement ouvert. De la faible coopération entre recherche publique et privée au système éducatif décourageant la prise de risque, on stigmatise l’échec pour maintenir la voie unique de l’excellence. ‘’La France a peur d’oser et de prendre des risques’’.
Quelles innovations à long terme ? La commission Innovation distingue sept types : le stockage de l’énergie, le recyclage des matières (métaux rares…), la valorisation des richesses marines, les protéines végétales et la chimie du végétal, la silver économie (innovation au service de la longévité) et la valorisation des données massives (Big Data). Autant d’ambitions qui nécessitent une politique claire et stable sur une longue durée…