Dans la solitude des champs du travail
Notre enquête Fonctions publiques confirme l’isolement des managers de proximité.
Le pilotage des réformes publiques s’est opéré par la réduction des budgets : la finalité de maintenir un service au public et les réalités territoriales sont ignorés. Faible concertation, mauvaise conduite de projet, absence d’anticipation, réorganisations et réaffectations permanentes… On savait les employeurs publics mauvais employeurs ; on constate qu’ils sont également de très mauvais managers. C’est tout le contraire d’un management responsable tel que nous le revendiquons.
Sur le terrain, les managers de proximité n’ont plus de marges de manœuvre pour faire face aux tensions multiples. Le faible niveau de rémunération ne constitue plus le moyen de la reconnaissance. Le statut devient la dernière bouée à laquelle s’accrocher.
Cette situation conduit à un sentiment d’abandon et nourrit un sentiment de fatalisme. Près de 40% des 6768 cadres qui ont répondu à l’enquête La parole aux A déclarent se sentir isolés face aux difficultés rencontrées et ne disposant d’un espace de dialogue. Un chiffre à mettre en parallèle avec l’enquête Apec 20 ans de cadres pointant que 30% des cadres du privé se sentent très seuls. Les cadres pointent ainsi davantage que les autres salariés l’enjeu de la solitude au travail (cf. l’étude CSA pour l’Anact).
Isolement face aux difficultés, situation perturbante dans les relations de travail : le sentiment de solitude au travail est bien présent chez les cadres. La désorganisation des organisations, la « dysfonction publique organisée », l’organisation matricielle, le peu de temps consacré à l’équipe de travail, ont aggravé la situation.
Réinventer le syndicalisme de proximité c’est le grand chantier de la CFDT. Recréer le lien social dans le travail, c’est aussi l’affaire des salariés eux même qui doivent pouvoir compter sur leur partenaire social pour en créer avec eux les conditions, au plus près de leur activité professionnelle.