Quand des syndicalistes cadres de tous pays se rencontrent
3ème Congrès d’Uni-Europa Cadres, l’organisation cadres européenne de la fédération syndicale internationale Uni Global Union.
Aux 40 participants des pays de l’Union Européenne se sont joints une dizaine de militants responsables de groupes cadres d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Sud les 1er et 2 mars 2012. Jean-Paul Bouchet, secrétaire général CFDT Cadres a quitté sa fonction de président de cette organisation, après 9 années d’investissement syndical européen et international. Il est remplacé par le suédois Martin Jofflén du syndicat Unionen (TCO).
Les priorités : poursuivre le travail engagé sur le développement de la syndicalisation dans les milieux ingénieurs et cadres, les conditions d’exercice de la responsabilité des professionnels et managers prenant mieux en compte les questions sociales et environnementales. Et sur une revendication forte d’ Cadres depuis plusieurs années portant sur la reconnaissance internationale d’un droit d’alerte et d’une protection associée pour les lanceurs d’alerte, inscrite dans les droits fondamentaux de l’Organisation internationale du travail. Les travaux d’Uni-Europa Cadres ont aussi beaucoup porté ces dernières années sur le management de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, prenant plus particulièrement en compte l’effet structurant sur le travail et le management des technologies. Plusieurs publications sur la cybersurveillance, les droits en ligne pour les travailleurs, les syndicats et le web 2 sont venus ponctuer ces travaux.
La présence de nombreux militants syndicalistes internationaux a créé l’opportunité de tenir un colloque intitulé « Régulation internationale et dialogue social, quelles responsabilités pour les managers ? » a porté la dimension sociale de la régulation internationale en s’appuyant sur les accords cadres internationaux et européens de responsabilité sociale des entreprises (RSE), en mettant plus particulièrement le focus sur le rôle et la place des cadres et des managers dans la mise en œuvre effective des accords et des engagements contractuels des entreprises. Planet Labour, l’agence internationale de veille sur les droits du travail, a permis d’analyser les données basées sur 220 accords de RSE et des droits fondamentaux dans le monde. On constat une intensification des politiques RSE depuis 2008 et d’une éclosion des accords sur un périmètre européen. Ceci participe d’une volonté des acteurs syndicaux et patronaux de vouloir avancer. La difficulté est plutôt le suivi de ces accords qui, par l’ampleur de leur périmètre, montre la difficulté des entreprises à se structurer pour assurer une mise en œuvre effective…
Bernard Parmentier, directeur des relations sociales, GDF-Suez, a négocié avec la CFDT entre autres, un accord de RSE et développement durable au sein du groupe. La fusion de deux entreprises a nécessité d’un point culturel commun sur les valeurs, l’éthique les aspects sociaux et l’accord a permis une certaines harmonisation de cette culture. Le groupe s’attèle à concrétiser les objectifs de réussite de ces engagement par la mise en place d’objectifs de performance sociale selon des critères tels que : la réduction des inégalités, l’insertion et le maintien de personnes en situation de handicap. L’implication des managers reste un enjeu essentiel puisque ce sont les cadres managers qui doivent jouer un rôle majeur dans sa déclinaison. Selon Sylvain Lefebvre, secrétaire politique de l'EMCEF (fédération européenne de la chimie, des mines et de l'énergie), l’évolution est aujourd’hui à la négociation des accords sur un périmètre européen plutôt qu’international et avec un but précis : celui de transférer les garanties sociales des salariés au delà de la France. Le syndicat utilise très peu la portée de ces accords et le suivi a besoin d’être renforcé. Des sentinelles avec des syndicats plus acteurs et plaide pour un véritable droit d’alerte et une protection internationale pour les lanceurs d’alerte pourraient ainsi être mises en place. L’ambassadeur chargé de la bioéthique et de la responsabilité sociale des entreprises Michel Doucin dénonce les pratiques des entreprises qui ne respectent pas les engagements pris dans les accords ou contenus dans les conventions internationales.
Les recommandations des Etats sur le respect des droits de l’homme ne sont pas suffisantes. Des points de contacts nationaux ont été crées pour permettre un meilleur suivi de l’engagement des gouvernements sur les normes protégeant les droits universels (notamment syndicaux). La Commission européenne reconnait que la RSE a un impact important sur la société et considère les accords cadres internationaux comme une véritable nécessité complémentaire aux dispositifs des règles et normes internationales. A suivre donc.
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