Vie syndicale

Les cadres au cœur du pacte de compétitivité

05 déc 2012

Déplacer le débat sur le malaise des cadres pour mieux entendre leurs demandes. Par Jean-Paul Bouchet.


Les cadres sont-ils au bord de la crise de nerfs ? Etudes, sondages et recherches nous interpellent régulièrement sur le malaise montant des cadres français depuis… vingt-cinq ans. On a d’abord constaté que les cadres n’étaient pas épargnés par le chômage. Le diplôme ne protège plus de l’exclusion et les séniors chômeurs de longue durée se multiplient. Il n’y a pas d’indicateurs pour ce gâchis de compétences. On a également annoncé la banalisation des cadres, rentrés dans le rang du salariat. On les enferme dans la représentation d’une classe moyenne laborieuse et méritante, coincés entre ouvriers et dirigeants. La réalité est plus riche. Les cadres sont des salariés à part entière mais avec des spécificités qui demeurent. Les identités professionnelles liées aux fonctions cadres sont fortes. La montée globale du niveau de compétences et la place grandissante des cadres promus imposent une réflexion qui va au-delà du questionnement sur le statut ou de l’enfermement dans une catégorie

Nous faisons également face au débat, légitimement chargé d’émotion, sur l’épuisement professionnel, scandé par les annonces de drames sur les lieux de travail. Ces alarmes sont à prendre très au sérieux en dépassant le registre individuel. La CFDT Cadres et ses partenaires s’efforcent de mettre à jour les raisons collectives qui conditionnent les histoires personnelles. Ce débat avance. Progressivement, les projecteurs se tournent vers l’organisation du travail, les conditions dans lesquelles celui-ci est accompli, le sens qui lui est donné, les marges de manœuvre qui peuvent exister. Détaillons : au-delà des pressions objectives du productivisme, la frénésie de la réorganisation, la culture comportementale, le complexe rapport au temps induit par les nouvelles formes de la relation d’emploi et les technologies ont mis le travail sous tension. Avec la pression concomitantes du client (ou de l’usager) et de l’actionnaire, les organisations sont étranglées entre sur-gestion (Francis Ginsbourger) et culte de la performance (Alain Ehrenberg). Voilà ce qui tue le travail. Le cadre est souvent seul. Mais quand les personnes souffrent, ce sont les systèmes qu’il faut soigner.

Il est ainsi temps de déplacer le débat sur le malaise des cadres et entendre leurs demandes. Les salariés, cadres en tête, veulent peser sur l’activité, voire sur la stratégie de leur entreprise. Ils veulent reprendre du pouvoir sur le travail. Redevenir à la fois acteurs de leur destin professionnel et responsables de l’organisation du travail. La fonction du cadre est le noyau central de l’entreprise. La CFDT Cadres entend ainsi soutenir et être porte-parole de ces experts, ingénieurs et managers qui jour après jour font vivre les organisations. Alors, donnons un sens réel aux notions d’autonomie et d’expertise. Débattons du management. Négocions les conditions d’exercice de la responsabilité professionnelle. Voilà des conditions d’un pacte de compétitivité durable autrement plus efficaces que l’expression d’un malaise diffus.

 

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