Jeunes et stagiaires

Les premiers pas dans l'entreprise

14 oct 2010

Un défi pour le syndicalisme


Cette question est d’autant plus pertinente, qu’ici plus qu’ailleurs, le taux d’emploi des jeunes actifs est particulièrement bas. Bien des idées reçues ont été balayées. Les moins de trente ans seraient par exemple moins investis dans leur travail que leurs aînés. Rien n’est en réalité moins sûr. S’ils ne sont pas prêts à tout sacrifier à leur travail, les jeunes professionnels accordent dans leur vie, et ce plus même que leurs homologues européens, une très grande place à leur emploi.

Autre appréciation commune : les jeunes professionnels seraient individualistes, difficiles à manager et à fidéliser. Ce n’est pas faux, mais la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît. Tout en exprimant en effet un besoin d’autonomie, les jeunes générations demandent dans le même temps un encadrement au travail. Et s’ils acceptent plus difficilement les formes d’autorité traditionnelle, ils ne sont pas réfractaires à d’autres formes d’autorité assises sur la compétence, surtout lorsque cette dernière est assortie de qualités relationnelles.

Finalement, c’est peut-être le rapport aux nouvelles technologies qui est réellement spécifique à cette génération. Connectée à Facebook, habituée à vivre en réseaux, elle apporte sa vie privée au travail et inversement. Les frontières entre vie privée et professionnelle en deviennent plus floues, comme brouillées. Défendre les jeunes actifs demande de les comprendre pour mieux cerner leurs aspirations, mais aussi de leur proposer une forme d’adhésion syndicale qui leur convienne. Et on est ici loin du compte. Plus indépendants mais en même temps plus connectés que leurs aînés, les jeunes sont prêts à l’adhésion, quand il s’agit d’une adhésion à la carte, sur un projet concret (Génération précaire par exemple). Pour les syndicats, le défi est de taille, car il s’agit de faire cohabiter les anciennes structures avec des formes d’aspiration renouvelées des jeunes militants. Certains syndicats étrangers, comme De Unie aux Pays-Bas, se sont engagés dans cette voie en proposant aux jeunes professionnels des services qu’ils attendent, avec par exemple un système de recrutement en ligne auquel participent de nombreuses grandes entreprises.

Comprendre les besoins des moins de trente ans pour mieux les représenter et être capable d’adapter l’organisation à leurs attentes. Attirer de jeunes actifs pour rester forts. En l’état actuel, si rien n’est fait, la moitié des adhérents de la CFDT sera partie à la retraite dans dix ans. Il y a donc une réelle urgence à trouver des solutions. C’est un vrai défi pour le syndicalisme.

 

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