Temps et lieux de travail : la fin des schémas traditionnels
Les notions de journée de travail, de semaine de travail et de repos hebdomadaire volent en éclat !
Où travaille-t-on ? Comment se vivent aujourd’hui les interférences permanentes entre vie professionnelle et privée ? Qu’en pensent les cadres ? Qu’en pensent leurs proches ? Y a-t-il une différence hommes/femmes ? Si, comme le disait Pierre Rosanvallon à notre colloque du 29 mars, « les cadres sont le miroir grossissant du travail…. », il est alors temps pour les entreprises mais aussi pour tous les salariés de s’interroger sur le travail et sur les lieux et les temps où il s’exerce réellement. Tous les schémas anciens sont fissurés. Avec ce questionnaire inédit, la CFDT Cadres mène enquête. Les notions de journée de travail, de semaine de travail et de repos hebdomadaire… volent en éclat.
Beaucoup de cadres déclarent travaillent plus de 50 heures par semaine. Et si parmi ceux qui semblent encore dans les clous légaux d’une semaine de travail inférieure à 48 heures, nombreux travaillent dans les transports et à leur domicile. Ont-ils évalué ces heures nomades dans leur temps de travail global ? Il y a fort à parier que non. La porosité entre activités professionnelles et vie privée est telle que plus personne ne sait réellement le temps passé pour son entreprise ou son administration. Curieusement, cette question de la durée de la journée de travail ne semble pas peser. L’autonomie dans l’organisation du travail et dans le choix des jours de congés est un facteur indéniable de satisfaction qui rend la durée du travail plus acceptable.
En revanche, si la question est posée en termes de charge de travail, alors le ressenti est très différent. La gestion de l’urgence, les messageries, les réunions, les interpellations des collègues contribuent à ce sentiment de surcharge mais paradoxalement les outils qui permettent le travail nomade et donc l’effacement des frontières ne sont pas mis en cause.
Autre enseignement méconnu : les femmes cadres ont un comportement dans le travail différent. Si leur investissement est aussi important en termes d’heures hebdomadaires de travail visible, de déplacements etc…, elles travaillent beaucoup plus souvent chez elles, le soir dans la semaine, le dimanche soir pour lire leurs mails professionnels et malgré tout, sans surprise, quel le que soit leur charge de travail, elles prennent en charge leurs enfants quotidiennement beaucoup plus souvent.
Cette évolution quasi incontrôlable aujourd’hui doit nous interroger. La santé des travailleurs est une des responsabilités de l’employeur privé ou public ; comment peut-il exercer un contrôle ? Évaluer sérieusement les risques ? Quels sont les moyens qui permettent aux instances représentatives du personnel, aux médecins du travail de percevoir les dépassements de ligne jaune ? Au-delà, notre enquête mesure aussi le ressenti des proches et la possibilité de prendre en charge les enfants quotidiennement. Cette enquête entend changer la donne. Elle remet en cause les revendications traditionnelles et souvent uniformes sur les questions du temps de travail et montrent la nécessité et l’urgence à s’en emparer. A suivre donc.