Septembre 2013
Caroline Werkoff
Edito > lire
Jean-Paul Bouchet
Le quotidien du manager. Une réalité difficile à enseigner
La formation comporte une limite de taille : si elle fait la part belle aux enseignements théoriques, elle met trop souvent de côté une réflexion sur les réalités quotidiennes du manager et élude plusieurs questionnements, de la finalité de l’entreprise ou du service public à un regard critique sur les modèles de gestion et de management les plus répandus. La formation, initiale ou continue, donne de nombreuses clés pour apprendre à manager, mais elle a du mal à outiller le manager pour parer aux difficultés quotidiennes du métier.
Entretien avec Stéphanie Serrat
Apprentissage de l’encadrement et culture d’entreprise. L’école des officiers de la gendarmerie nationale
Certaines écoles de l’armée forment des cadres et elles offrent un bel exemple de l’apprentissage de l’encadrement dans des situations qui peuvent être soit extrêmes en cas de conflits, soit routinières. Ainsi en est-il de l’école des cadres de la gendarmerie nationale. Cette école transmet aux élèves officiers les savoirs, les savoir-être et les savoir-faire qui seront indispensables au commandement des équipes. L’enseignement insiste également sur les retours d’expérience, l’acquisition d’un vocabulaire commun et la place du chef, qui doit toujours être aux côtés de son équipe. Du management quotidien au management à la conduite du changement, voici un exemple de formation initiale des managers, transposable hors de l’armée, et riche d’enseignements sur l’apprentissage de l’encadrement.
Pascal Junghans
Le développement des enseignements transversaux. Une mise aux standards internationaux
L’enseignement supérieur subit de grandes transformations depuisquelques années. Des cours, dépassant les limites traditionnelles des matières, se multiplient et prennent une importance grandissante dans les cursus des grandes écoles et des universités. Avec ces enseignements transversaux, les étudiants acquièrent une plus grande ouverture d’esprit. Ils prennent conscience de la complexité des situations de travail et de la diversité des environnements de travail et de management dans le monde. Ces nouveaux cours, adoubés par les entreprises, participent à la mise aux standards internationaux de l’enseignement supérieur.
Entretien avec Norbert Alter
Comment devenir un manager innovant ? Patrons atypiques et formation initiale
Après l’enseignement reçu, en formation initiale ou continue, les managers sont amenés à prendre de la distance par rapport à leur place dans l’entreprise ou l’administration et à la formation qu’ils ont reçue, en l’adaptant aux situations et aux hommes. En s’intéressant aux trajectoires d’une soixantaine de patrons atypiques, des hommes et des femmes qui ont su faire de leurs différences (couleur de peau, genre, handicaps physiques...) autant d’atouts pour leur carrière et l’entreprise, Norbert Alter montre que la prise de distance par rapport à l’environnement professionnel et l’histoire personnelle permet à ces managers de se créer une identité forte. Cette posture bouscule les normes sociales, managériales et culturelles. Elle donne la possibilité à des approches managériales innovantes d’émerger.
Frederik Mispelblom Beyer
Formés pour encadrer mais pas pour manager
La formation en débat, 35 Il est assez courant d’entendre que les cadres sont très peu ou pas formés pour une activité d’encadrement qui ne s’apprendrait surtout que sur le tas. Même ceux qui ont reçu des formations en management et ont acquis ses méthodes et ses techniques affirment que cela ne suffit pas pour faire face tous les jours à l’activité d’encadrement. Contre l’idée traditionnelle et qu’on ne peut pas être formé à l’encadrement, qui serait une question de dons et de volonté au départ, le management repose sur l’idée qu’on peut apprendre à manager à l’aide de méthodes et techniques. Le management a l’ambition de professionnaliser l’activité d’encadrement pour en faire un métier comme un autre.
Denis Cristol
Les limites de l’apprentissage initial. Une mauvaise prise en compte de la complexité du réel
Pour Denis Cristol, les écoles d’ingénieurs, les business schools et les formations universitaires ne forment pas à la réalité du management en équipes. Elles en restent à la transmission de modèles souvent difficilement transposables dans la complexité des entreprises et des administrations. Pour remédier à cette situation, il faudrait amorcer dans les années de la formation initiale l’apprentissage d’un leadership partagé.
Nicolas Fourmont
Les cadres fragilisés, oubliés de la formation ? L’exemple du secteur des SSII
Ce dossier se termine par un article sur la formation continue, un thème au coeur des préoccupations syndicales dans les mois à venir (négociation en cours sur la formation professionnelle). Il est fréquent de penser que les cadres sont les privilégiés de la formation continue. Le texte de Nicolas Fourmont montre que la réalité, comme souvent, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. La réalité, comme souvent, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Le débat actuel relatif à la formation professionnelle donne la priorité aux chômeurs et aux salariés peu qualifiés, ce qui ne saurait être contesté. Mais certains cadres, les plus âgés et les moins diplômés, sont oubliés des dispositifs et ils bénéficient peu de la formation continue. Une étude menée par Sextant dans le secteur des SSII montre par ailleurs que les cadres engagés dans une activité en déclin sont laissés pour compte par la formation continue, à l’encontre de ce que devrait être une bonne GPEC. En réalité, le statut de cadre n’est pas un rempart contre la déqualification professionnelle.