Emploi et compétences

À l’ombre des branches

02 aoû 2019

"Dis-moi quel est ton champ professionnel, je t'en donnerai sa réalité..."


par Laurent Mahieu, Secrétaire général de la CFDT Cadres

 

Retrouver la fraîcheur du réel, en se mettant à l’ombre des branches !

La DARES lève le voile sur les réalités disparates des branches professionnelles dans une note opportune : « Portrait statistique des principales conventions collectives de branche en 2016 » (DARES Résultats Juillet 2019 N°033).


dares_2016À travers champs : des champs professionnels de tailles très diverses

Fin 2016, hors branches agricoles, environ 10 % des 674 conventions collectives de branche rassemblaient plus de 75 % des salariés couverts quand les 10 % les plus petites ne rassemblaient que 0,2 % des salariés.

Cet ensemble regroupe 15,6 millions de salariés. Parmi ceux-ci, 19 % travaillent dans une entreprise de 1 à 9 salariés (TPE). La DARES s’est intéressée plus particulièrement aux 59 CCN (Convention Collective Nationale) rassemblant chacune plus de 50 000 salariés (quelques secteurs ont été exclus, notamment celui de l’action sociale).


Des écosystèmes de cultures professionnelles variées selon leurs compositions

En moyenne, les cadres représentent 19 % des salariés concernés. Parmi les autres : 19 % sont « professions intermédiaires », 32 % « employés » et 29 % « ouvriers ».

La part des cadres est très variée selon les branches, allant de 100 % (les 3 CCN Cadres : Métallurgie, Bâtiment, Travaux publics) à 2 % pour les entreprises de services à la personne, par exemple.

Quelques branches multi-professionnelles comptent plus de 25 % de cadres : Bureaux d’études techniques (63 %), Télécommunications (59 %), Banques (55 %), Publicité (47 %), sociétés d’assurance (46 %), Industrie pharmaceutique (41 %), Cabinets d’experts comptables (29 %), Immobilier (28 %), Pharmacie d’officine (26 %).

La part des cadres est très variée selon les branches, allant de 2 à 100%."

Certaines branches ont des structurations atypiques avec un poids important des professions intermédiaires et peu de cadres, impactant les modes d’organisation et de management : Sport (62 % de professions intermédiaires et 7 % de cadres), Organisme de formation (54 % et 20 %), Enseignement privé non lucratif (38 % et 25 %), Hospitalisation privée (33 % et 7 %), Pharmacies d’officine (56 % et 26 %). Dans les 3 secteurs avec des CCN Cadres, les CCN « non cadres » comptent plus de 50 % de professions intermédiaires.

Ces disparités impactent les pratiques professionnelles et les enjeux de négociations de branche.


Argumentaire Egalité  un droit fondamental, pas une optionEgalité salariale : L’engrais ne profite pas à toutes les « plantes »

Le premier graphique de la note s’intéresse aux écarts de salaires des hommes et femmes cadres selon l’âge.

En 2016, toutes branches confondues, le salaire net moyen des femmes cadres est inférieur de 20 % à celui des hommes, quand il est de 8 % pour les employées. L’écart en défaveur des femmes cadres est de 30 % dans les banques et de 6 % dans la pharmacie d’officine.

Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, l’écart est d’au moins 30 % dans les cabinets médicaux, les banques, l’immobilier, les cabinets d’experts comptables. Dans ces branches, le taux de féminisation est supérieur à 55 %.

  • Dans la négociation Encadrement, la CFDT Cadres a proposé de confier à l’APEC le soin de faire un état des lieux branche par branche des résultats de l’index égalité d’ici trois ans sur la catégorie cadres.
  • Retrouvez notre argumentaire Egalité : un droit fondamental, pas une option ! (PDF)

Salaire moyen des cadres : les « rendements à l’hectare » varient selon les zones de culture

Le salaire moyen des cadres s’établit à 2310 euros dans la restauration rapide, entre 2900 et 3000 dans les pharmacies d’officine, et dépasse les 5100 euros dans les transports aériens (personnels au sol), les industries chimiques et pharmaceutiques ou les banques.

Au sein des autres catégories socioprofessionnelles les écarts salariaux entre branches sont moins marqués.

En 2016, près de 12 % des salariés perçoivent une rémunération mensuelle supérieure à 3 fois le SMIC : les cadres représentent 75 % de ces salariés aux rémunérations les plus élevées.

  • La catégorie cadres est celle concernée par la mesure de dégressivité des allocations chômage décidée par le gouvernement.

Apprentissage : une pratique de « permaculture » à développer

La note fait état d’une moyenne de 2 % des salariés sous contrat d’apprentissage (soit plus de 310 000 sur les 15,6 millions de salariés concernés).

Les taux d’apprentis les plus fort sont dans la Boulangerie-Pâtisserie (20 %) et la Coiffure (18 %).

Certaines branches comptant beaucoup de cadres parmi leurs effectifs se distinguent par de faibles taux d’apprentis parmi leurs effectifs, par exemple : Publicité (47 % de cadres et 1 % d’apprentis), Industrie pharmaceutique (41 % de cadres et 1 % d’apprentis), Société d’assurances (46 % de cadres et 1 % d’apprentis), Banques (55 % de cadres et 2 % d’apprentis), Immobilier (28 % de cadres et 1 % d’apprentis).

A contrario, on constate que certaines branches (avec de nombreux cadres) s’efforcent de former des apprentis : Télécommunications (5 % d’apprentis), Pharmacies d’officine (5 % d’apprentis), Cabinets d’experts comptables (3 % d’apprentis).

Dans celles-ci, les jeunes pousses se développent à l’appui de leurs tuteurs !

  • Les négociations de branche ou d’entreprise, les décisions de gestion des OPCO (Opérateurs de compétences), seront déterminantes pour favoriser le développement de l’apprentissage sur les métiers des cadres et des professions intermédiaires.
     

 

+ d'infos

Portrait statistique des principales conventions collectives de branche en 2016 (DARES, juillet 2019)

Argumentaire Egalité : un droit fondamental, pas une option ! (PDF)

 

Illustration : Fotolia