Ingénieur, un métier en expansion ou en fragmentation ?
L’identité professionnelle des ingénieurs en question.
Le site Emploi-Pro publie une enquête sur le monde des ingénieurs. Recrutement, salaire, condition de travail, meilleurs cursus en France et à l’étranger, stratégie de carrière. Tout ce qu'il faut savoir sur le monde des ingénieurs sera passé en revue.
''Ingénieur : personne capable, grâce à ses connaissances et ses compétences techniques et scientifiques, de concevoir des ouvrages et des machines, et d’organiser des unités de production''. La définition commune ne précise pas que le terme « ingénieur » n’est plus réservé à des experts travaillant dans l'industrie. Aujourd’hui, l'ingénieur travaille pour toutes sortes d'organisations, des services aux services publics. La crise actuelle redonne toute son actualité à la recherche et à l’innovation. Et la vision traditionnelle des ingénieurs en tant que groupe social est revisitée. Celui-ci s’est-il transformé au point de remettre en cause son unité face à l’hétérogénéité des pratiques, des marchés du travail, des fonctions, voire des formations qui la définissent ? Doit-on voir cet apparent morcellement comme une colonisation de nouvelles contrées dans la division du travail ou comme un éclatement de la profession ? Peut-on imaginer que le groupe parvienne à conserver son unité tout en se segmentant et le titre d’« ingénieur diplômé» peut-il à lui seul faire tenir tout un groupe et garantir sa cohésion ?
Le projet de recherche Former l’ingénieur citoyen : savoirs, pratiques, acteurs mené en collaboration avec Ingénieurs sans frontières et le Centre Maurice-Halbwachs (CNRS-EHESS-ENS) réunit de nouvelles contributions à l’étude des ingénieurs dans le présent et le passé afin d’éclairer les enjeux actuels. Lors du colloque de présentation, on cherchait ainsi à comprendre l’ingénieur comme un phénomène en le saisissant non pas comme une catégorie en soi mais comme une entité spatiale et idéelle en redéfinition permanente. Pour l’acteur syndical qui se penche sur le travail réel, on retiendra de ces travaux notamment les contributions sur « l’ingénieur dans les redéfinitions des systèmes de production » qui s’appuient sur des enquêtes par interview et observation auprès d’ingénieurs en activité. Quel sens donner à l’éclatement apparent de la catégorie des ingénieurs au regard de leurs métiers de plus en plus hétérogènes. Qu’est ce qui fait encore sens commun ? Quelles sont les formes de contestation du système productif ? Quelles sont les satisfactions irréductibles dans le travail ?
Entre certifications strictes et déontologie englobante, quel est l’avenir du métier des ingénieurs ?
Le Comité d’études sur les formations d’ingénieurs (Cefi) se penche sur la certification individuelle des compétences métiers des ingénieurs et cadres. Dans une société de plus en plus marquée par la question des risques, la certification introduit elle un élément de confiance ? Deux grandes voies coexistent : la formation avec certification, par exemple en informatique ou logistique (acquisition des savoirs liés à un logiciel spécialisé ou à l’exercice d’un métier) et le jugement d’expérience avec un engagement des pairs, par exemple pour l’expertise aéronautique (tant en interne qu’auprès des tribunaux). Le secteur de la santé est également concerné avec la démarche encadrée du développement professionnel continu (DFC). Les communautés de pratique liées aux producteurs de logiciels se développent, tout comme l’exigence des recruteurs à exiger des informaticiens candidats une certification (40 % des offres d’emploi). Qui définit les contenus ? Qui atteste la connaissance acquise, le savoir faire ? Qui assure la qualité des processus de certification ? L’évolution du système de qualification mis en place avec le Répertoire national des certifications professionnelles depuis près de 10 ans est aussi un exemple du besoin de transparence et d’assurance.
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