Plus de 40 000 salariés promus cadres chaque année
" On oublie souvent que bon nombre de cadres ne l'ont pas toujours été " rappelle une étude de l'Apec.
Dans le secteur privé, en 2013, sur 206.800 nouveaux postes de cadres , 163.400 cadres l’ont été par un recrutement externe (soit huit postes cadres sur dix) et deux sur dix via la promotion interne (passage de non-cadre ou d’assimilé cadre au statut de cadre (soit 43 400.) Avec un départ de 193.400, le solde pour 2013 est positif de 13.400 cadres, il serait négatif sans les promotions. En dehors du cas particulier du passage cadre observée lors de la mise en place en 2000 de la loi sur les 35 heures. « Afin d’éviter d’être soumis à cette réglementation du temps de travail, de nombreuses entreprises ont promu des salariés au statut de cadre, leur permettant, grâce à ce nouveau statut de bénéficier d’un forfait-jour et de pouvoir travailler plus de 35 heures par semaine » relève l’Apec. Un abus que la CFDT Cadres a dénoncé. La promotion concerne entre 40.000 et 50.000 salariés du privé chaque année.
L’Apec a étudié le contexte et les conditions de ce passage cadre en entreprise. Plus l’effectif cadre et l’effectif salarié y sont importants, plus les opportunités d’être promus à ce statut sont potentiellement plus nombreuses. Dans certains secteurs, la promotion interne est une pratique faisant partie intégrante de la politique RH et de la culture du secteur d’activité (comme dans la banque-assurances). Dans d’autres, elle répond à des problématiques spécifiques, par exemple des difficultés de recrutement liées à un déficit d’attractivité. L’obtention du statut de cadre peut intervenir lors d’une mobilité professionnelle, notamment lorsque les salariés évoluent vers un poste de manager ou d’expert. Ces mobilités sont souvent présentées aux salariés ayant acquis une longue expérience au sein de la même entreprise. Il s’agit notamment des salariés âgés de plus de 45 ans. Le statut de cadre peut être également obtenu sans changement de poste mais pour confirmer des salariés dans leur fonction actuelle ou reconnaître leurs compétences. « Un technicien peut, par exemple, être reconnu sur son expertise technique acquise au cours de son expérience dans l’entreprise » note l’Apec, qui souligne que « les salariés concernés par cette promotion ont déjà le statut d’agent de maîtrise et n’ont plus qu’un palier à franchir ».
Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ayant été recrutés sans le statut de cadre l’obtiennent après quelques années d’expérience dans l’entreprise, tout en restant au même poste. Il y a de moins en moins de cadres « autodidactes » (c’est-à-dire dépourvus de diplômes de l’enseignement supérieur). Cela est lié au fait que de plus en plus de salariés sont aujourd’hui diplômés de l’enseignement supérieur. Le niveau bac+5 est le niveau de diplôme à partir duquel les jeunes diplômés accèdent plus fréquemment à un emploi cadre. Leur situation dépend de la filière : « 84 % des ingénieurs diplômés en 2013 en emploi occupent un poste de statut cadre un an après l’obtention de leur diplôme, contre 61% pour les diplômés d’écoles de commerce et 43 % des titulaires d’un master universitaire ». La promotion au statut de cadre est cependant plus fréquente en milieu de carrière. En 2013, près de 6 salariés sur 10 ayant connu une promotion interne au statut de cadre, étaient âgés de 30 à 45 ans. La CFDT Cadres souhaite que l’Apec accompagne ce passage cadre, notamment lors du Conseil en Evolution Professionnelle (CEP).
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