Temps et charge de travail

Organisée sous l’égide de l’Observatoire régional du temps de travail, financé par la Direction régionale des entreprises, de la consommation, du travail, de l'emploi (Direct) Île-de-France, la matinée du 2 décembre a tenu ses promesses. Laurent Mahieu, CFDT Cadres, représentait la CFDT à la table ronde des partenaires sociaux. Proposée par la CFDT dans le comité de pilotage, le sujet du temps de travail des cadres a permis de rassembler les observations de l’Aract dans 5 entreprises (entretiens avec les DRH et des cadres) sur la question spécifique du forfait annuel en jours, les travaux du Certop – CNRS (100 interviews de cadres dans 7 entreprises), la vision de l’Apec sur le temps des cadres au travers de différentes études.

Le forfait annuel en jours aura 15 ans en 2012. C’est encore l’adolescence pour une innovation sociale visant à ne pas exclure les cadres d’une réduction de leur temps de travail grâce à de nouvelles modalités de gestion. Mais cet outil porte encore les traces... de l’acné juvénile. Le corps social du travail ne sait pas encore bien tout ce que cela porte comme innovation dans le travail et donc cela donne des boutons et du contentieux légitime ; on lui reporte tous les maux … même quand les cadres expriment leur appréciation positive L’objet résiste encore à l’autorité des « adultes » : comment en débattre en comité d’entreprise ? Comment le rendre conforme aux directives européennes dans le champ de la santé ? Quand et où travaillez-vous ? Participez à notre enquête ! 

Des ambigüités demeurent :

• Pour pouvoir accepter le régime du forfait jour, le cadre doit être autonome et le non-cadre doit bénéficier d’une « réelle autonomie » (sic) : est-ce à dire que l’autonomie du cadre est « fausse » ? quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la gale.
• De même, le cadre susceptible d’être au forfait jour ne doit pas avoir à suivre les horaires de l’équipe à laquelle il est rattaché (selon le code du Travail). Or les évolutions ou discours récents insistent de plus en plus sur les temps collectifs de travail pour améliorer la coordination donc la performance, pour développer le sentiment de soutien facteur de santé, pour créer de la plus-value par l’intelligence du collectif.

Même si les cadres expriment globalement leur satisfaction, il n’en demeure pas moins vrai que le quotidien du travail risque d’emmener beaucoup de cadres vers une surcharge permanente, quand ce n’est pas déjà le cas (plus de 30 % selon les sondages Apec). Dès lors, il y a lieu de sanctuariser : les temps de repos, les temps de réflexion / formation, les temps collectifs et les temps personnels (familiaux et citoyens). Cette perspective atteignable pour chacun, passe par de nouvelles règles du jeu communes dans le travail et dans ses articulations.