Forfait jour et déconnexion
La question de la dépendance permanente des cadres à leur direction est bien antérieure au forfait annuel en jour et aux technologies mobiles.
Dès 1972, la CFDT Cadres écrit dans ses textes de congrès : « Nous n’acceptons pas que le cadre soit 24 heures sur 24 à la disposition de l’entreprise... Il faut contrôler la durée du travail, imposer des normes conventionnelles, imposer la possibilité pour le cadre d’avoir une vie familiale, d’avoir des responsabilités de citoyen ». Le forfait annuel en jour impose le respect de la coupure minimum hebdomadaire de 11 heures de repos. Certaines entreprises ont entrepris de veiller à l’effectivité de cette coupure car elles en ont la responsabilité. Bien évidemment, l’irruption massive des technologies mobiles et portables de la communication change une partie de la donne.
Cette question de la dépendance et donc de la déconnexion temporelle et technologique est posée dans la grande enquête CFDT Cadres en 2002. 44 % des cadres sont favorables à un droit à la déconnexion pour protéger leur vie privée, droit négocié pour 18 % ou droit non formalisé pour 26 %. Concernant le télétravail, la CFDT Cadres plaidait dés 2006 qu'il ne s'agit pas pour autant de mettre tout le monde au télétravail, mais de permettre des définitions précises afin d'éviter le télétravail sauvage et la connexion permanente 24 heures sur 24 (voir le séminaire OdC), 7 jours sur 7 avec l'entreprise. Les cadres sont particulièrement concernés par les outils TIC et portables en tous genres... considérés souvent comme des attributs du pouvoir. C'est aussi l'occasion de réaffirmer le droit à la déconnexion et le respect de la vie privée.
Tout récemment, dans un sondage auprès de cadres débutants (Apec mai 2010 en exclusivité avec la CFDT Cadres), 60 % de ces jeunes cadres demandait la négociation des règles d’usage des nouvelles technologies et 64 % la négociation de mesures pour faciliter l’exercice de la parentalité … c’est vrai qu’on peut donner le biberon d’une main et consulter l’Iphone de l’autre … mais il y a des limites … que les cadres semblent prêts à poser dans un cadre négocié. Quelques entreprises l’ont compris qui commencent à ouvrir des discussions sur ces plans là ou bien à encadrer les règles d’usage des technologies.