Comment défendre le forfait jours
De la question du temps à celui de la charge de travail et des équilibres de vie.
Le forfait jours n’a jamais été la cause de l’intensification du temps de travail. Il n’a pas été non plus pensé pour des salariés non cadres ou même pour des cadres non autonomes, dont le salaire est inférieur au plafond de la Sécurité sociale. Plus de 30% des cadres gagnent moins de 2 946 euros bruts par mois.
La CFDT dénonce les dérives introduites par le gouvernement depuis plusieurs années. Elles ont permis aux employeurs d’abuser du forfait jours auprès de salariés ne disposant d’aucune autonomie réelle. La CFDT revendique la paternité des forfaits jours pour les cadres. Elle soutient les règles communautaires et la Charte sociale européenne pour une durée de travail raisonnable qui respecte les équilibres des temps de vie et la santé au travail.
La CFDT exige
- Un maximum de 5 jours de travail hebdomadaires et de 218 jours par an ;
- L’application des règles sur l’entretien annuel pour les salariés au forfait jours, le suivi de la charge de travail en comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, l’analyse et le bilan annuel du forfaits jours en comité d’entreprise ; l’usage du droit d’alerte santé par les délégués du personnel.
- L’instauration d’un espace de discussion, au plus près des salariés, sur l’organisation et la charge de travail.
Pour la CFDT, les cadres au forfait jours doivent être rémunérés au moins au-dessus du plafond de la Sécurité sociale et le forfait jours ne doit être réservé qu’à des salariés cadres.
Investissement contre RTT : un deal sous vigilance
La plupart des cadres travaillent au forfait et ne comptent pas leurs heures. Ils sont satisfaits de l’équilibre RTT contre investissement. Cependant, le quotidien du travail risque d’emmener beaucoup de cadres vers une surcharge permanente. Défendre un droit au repos effectif pour les cadres qui ont les moyens d’être autonomes, et pas seulement parce que leur temps de travail n’est pas mesurable. Le débat sur le temps de travail, a fortiori celui des cadres, ne doit pas être enfermé dans un débat qui ignore les réalités du travail : difficulté à mesurer le temps de travail, porosité croissante des temps et des lieux, déploiement dérégulé des nouvelles technologies, etc. L’enjeu est d’innover en matière de déconnexion réelle, de sanctuarisation du temps de non travail, de négociation du travail à distance, d’évaluation des outils, et surtout de négociation sur la charge de travail.
Temps de travail : la CFDT Cadres mène l’enquête Où commence et où finit le travail ? La CFDT Cadres a lancé un long questionnaire en ligne sur la mobilité, l’amplitude quotidienne, la charge de travail et les différents temps. L’enquête est à la fois ouverte à tout public sur www.surveymonkey.com/s/tempsdetravail et menée parallèlement dans différentes entreprises par des équipes syndicales.
Don de RTT : une fausse bonne idée de solidarité
La proposition de loi du député Paul Salen au cœur de l’été et en pleine débâcle financière s’apparente à du détournement compassionnel et à de l’ingérence de l’Etat dans la vie quotidienne des salariés. Elle ignore le sens des RTT, nie tout débat sur l’organisation du travail et surfe sur l’envie patronale d’en finir avec les 35h. La CFDT Cadres refuse ce don de RTT sorte de copié-collé de la journée de solidarité.